Violences en hausse contre les médecins

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L'Ordre des médecins s’alarme de la hausse de la violence qui menace l'accès aux soins.

Les médecins n’ont plus le même statut qu’auparavant. L'Ordre des médecins l’a constaté et s’est alarmé mercredi d’une hausse des agressions physiques. Son observatoire de la sécurité des médecins a établi dans son bilan annuel que 16% des incidents signalés en 2009 étaient des agressions physiques, contre 11% en 2008.

Les généralistes sont toujours les principales victimes, suivis par les ophtalmologues, les médecins du travail, les psychiatres, les dermatologues et les gynécologues-obstétriciens.

Le motif des agressions est souvent dérisoire : le temps d'attente jugé excessif, un reproche relatif à un traitement, un vol ou le refus de prescription, de certificat médical ou d'arrêt de travail sont les principales raisons des agressions.

Agressions verbales et vols

La gravité des violences s’accroit aussi : l'an dernier, 10% des incidents ont entraîné une interruption temporaire de travail, contre 8% en 2008 et 7% en 2007.

L'agression verbale et le vol sont les deux principaux types d'agressions. 54% des incidents déclarés relèvent de l’agression verbale, un chiffre "au plus haut depuis la mise en place de l'Observatoire" en 2003, a constaté André Deseur. Les vols à l'encontre des médecins sont en recul mais constituent malgré 23% des incidents répertoriés.

Cette augmentation des violences à l’encontre des médecins n’est que partielle, puisque "on considère que la sous-déclaration est de 30% au minimum", a précisé le docteur Deseur. "Même les violences physiques ne sont pas toujours déclarées à l'Observatoire", poursuit-il, citant un "viol qui n'a pu être pris en compte à la demande de la victime, qui a depuis fermé son cabinet".

La Seine Saint-Denis bientôt désertée ?

"Les agressions, outre l'aspect contre nature de s'attaquer à celui ou celle qui soigne, compromettent l'accès aux soins là ou les agressions sont les plus nombreuses", a averti le docteur André Deseur, président de la section de l'exercice professionnel de l'Ordre. Découragés, un nombre croissant de praticiens refuse désormais d’effectuer des consultations dans les quartiers les plus difficiles.

Le département de la Seine Saint-Denis demeure depuis ces trois dernières années le département où sont recensés le plus d'incidents. Suivent le Val d'Oise, l'Isère, la Seine-Maritime, le Nord et le Val de Marne.

"Des praticiens du 93 déménagent, parce que la vie est devenu invivable à titre personnel et professionnel, pour s'installer dans un endroit plus tranquille", égrène le docteur Deseur. Mais comme le docteur Guyonnard, il avoue ne pas pouvoir préciser le nombre de médecins concernés chaque année par cette réalité (abandon d'un cabinet ou de l'exercice libéral).

- Comment expliquer la hausse des agressions contre les médecins ?