L'avocat d'un des quatre hommes rejugés à Nanterre pour avoir tiré sur des policiers lors des émeutes de Villiers-le-Bel en 2007 a affirmé jeudi que l'enquête avait été "bâclée" et "manipulée" sous la pression des autorités.
"Ordre a été donné aux autorités judiciaires de trouver les coupables et de les trouver vite (...). L'enquête a été bâclée. On a manipulé les éléments dans ce dossier pour faire coller tout ça", a déclaré dans sa plaidoirie Me Morad Falek, avocat du principal accusé Abderhamane Kamara.
A son encontre, le ministère public a requis 15 ans de réclusion, faisant de lui "le tireur le plus déterminé et le plus efficace". Des peines de 5 à 12 ans ont été réclamées contre les trois autres tireurs présumés des émeutes de Villiers au cours desquelles quelque 90 policiers ont été blessés par des cartouches de plomb. La Cour d'assises des Hauts-de-Seine doit rendre son verdict vendredi.
"Je pense aux victimes parce que quelle que soit la décision, elles n'obtiendront pas justice. Si on avait voulu leur rendre justice, on aurait pris la peine de mener une enquête sérieuse", a estimé Me Falek, fustigeant notamment le recours aux témoins sous X. "A-t-on des éléments qui prouvent sa participation? Non. (...) On vous demande de le condamner parce qu'il fait peur", a ajouté l'avocat.
Défenseur du frère d'Abderhamane, Me Michel Konitz a dénoncé "l'ignominie du dossier" tandis qu'un de ses confrères de la défense, Me Jean-Christophe Tymoczko, a dit ne pas croire à "la fable des témoignages" qui fondent l'accusation.
En première instance en juin 2010, les quatre tireurs présumés ont été condamnés à des peines allant 3 à 15 ans de réclusion.