Veuve "suicidée" : un double acquittement

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avec AFP , modifié à
LE VERDICT - Les jurés ont estimé que la veuve, dépressive, s'était pendue toute seule en 2005 sur sa péniche.

L'info. Ils ont fondu en larme à l'énoncé du verdict : non coupables. Deux quadragénaires étaient jugés pour l'assassinat d'une riche veuve, retrouvée pendue sur sa péniche à Neuilly en 2005. Après deux heures de délibéré, les jurés, six femmes, ont estimé que Dominique Aubry, dépressive depuis le décès de son mari quelques mois plus tôt, avait mis volontairement fin à ses jours.

"J'espère que ça va s'arrêter là". "Je n'envisageais pas une seconde qu'on les condamne. On ne comprend pas qu'ils aient été renvoyés devant une cour d'assises avec un dossier pareil", a réagi Eric Dupond-Moretti, avocat d'Olivier Eustache après le verdict. Ce dernier s'est dit "soulagé". "J'espère que cela va s'arrêter là", a-t-il lâché, alors que le parquet a dix jours pour faire appel.

Un crime maquillé en suicide ? L'avocat général soutenait pour sa part la thèse de "la pendaison assistée", affirmant que les deux hommes avaient assassiné Dominique Aubry puis maquillé leur crime en suicide. Il avait requis 15 à 20 ans de réclusion criminelle à leur encontre. Pour le ministère public, le mobile était évident. La veuve, "Libellule" ou "Libé" pour les intimes, dont la fortune est estimée à 14 millions d'euros, a fait de Franck Renard Payen son légataire universel deux mois avant son décès. Ce dernier est aussi bénéficiaire d'une assurance-vie de près d'un million d'euros.

"On ne vous pas convaincu". "Le mobile n'est pas une preuve", avait fustigé Me Dupond-Moretti dans sa plaidoirie très sévère à l'égard de l'avocat général. "Pour condamner, il faut apporter la preuve de l'existence d'un crime, ce que vous êtes incapable de faire. On vous sent mal à l'aise, pas convaincu", avait-il lancé. Traces ADN détruites notamment sur la corde, heure incertaine du décès, "pollution" du lieu du drame par les enquêteurs, "interférence de la partie civile sur des témoins", la défense a démonté point par point la thèse de l'accusation. Une tâche d'autant plus aisée que la majorité des experts a privilégié la thèse du suicide au cours des deux semaines de débats.

"Franck et moi sommes innocents". Les deux hommes ont toujours nié l'assassinat. "Franck et moi sommes innocents. J'aimerais que cela s'arrête, c'est tout", a soutenu, une dernière fois, Olivier Eustache, le regard déterminé, avant que la cour se retire pour délibérer. "L'ordre moral bourgeois est troublé", "des garçons qui dansent plus qu'ils ne travaillent" posent un problème, a répliqué Me Dupond-Moretti avant de conclure, à l'intention des jurés : "Au secours. A l'aide. J'ai besoin de vous pour remettre les choses dans l'ordre".

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