Une nuit sur la coque d’un bateau

Les quatre vendéens et la fillette ont embarqué dimanche sur un bateau coque-open de 5,50m.
Les quatre vendéens et la fillette ont embarqué dimanche sur un bateau coque-open de 5,50m. © F. Coulon
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François Coulon avec C.C. et AFP , modifié à
- Deux couples et une fille âgée de 9 ans étaient sur un bateau à la dérive.

Des heures d’angoisse avant de retrouver la terre ferme. Deux couples et une fillette âgée de neuf ans, partis en mer dimanche, ont passé toute la nuit sur la coque de leur bateau à la dérive après que celui-ci se soit retourné. L’épisode n’a pris fin que lundi matin, quand le bateau s'est approché de la côte.

Les quatre vendéens, âgés de 46 à 50 ans, et la fillette ont embarqué dimanche sur un bateau coque-open de 5,50m immatriculé à Noirmoutier, en Vendée.

"Nous avons pris deux vagues"

Pendant cette promenade dominicale au cours de laquelle ils ont essuyé des vagues de plus d'un mètre, les deux couples sont allés pique-niquer le midi sur l'île du pilier, au large de Noirmoutier. Dans la soirée, alors qu'ils naviguent et que le vent souffle (force 4-5), la corde du filet se prend dans l'hélice et rapidement, le bateau est submergé avant de finir par se retourner dans la baie de Bourgneuf.

"Nous avons pris une corde par l’arrière du bateau dans l’hélice. Et le temps que je coupe la corde, nous avons pris deux vagues et l’eau est rentrée dans le bateau qui s’est retourné. Nous nous sommes tous retrouvés à l’eau en deux temps, trois mouvements. En une minute, c’était fait ! Nous avons juste eu le temps de prendre les gilets de sauvetage", a expliqué sur Europe 1, Jean-Michel, un habitué de la mer, qui était à la manœuvre sur ce bateau.

"Nous étions frigorifiés"

Les cinq occupants parviennent miraculeusement à se hisser sur la coque. Mais ils se retrouvent sans moyen de communication. Le bateau est immobilisé en mer par l'ancre déposée dans le fond. L'un des occupants parvient à enlever l'ancre et le bateau part à la dérive. Il serait remonté avec les courants jusqu'en Loire-Atlantique avant de se retrouver au petit jour lundi face à Bouin en Vendée, enlisé dans la vase à une centaine de mètres du rivage.

"Nous nous sommes motivés pour rester bien accrochés sur le bateau. Nous avions deux cordes pour nous tenir les uns et les autres. Ça nous a permis d’être bien solidaires toute la nuit. Nous nous sommes dit qu’il ne fallait pas paniquer. Nous sommes restés assis sur la coque. Nous avions les jambes dans l’eau, le bassin dans l’eau. Nous étions frigorifiés mais nous n’avons pas paniqué. Nous parlions de tout et de rien pour ne pas dormir", a raconté Jean-Michel sur Europe 1.

"Beaucoup de sang froid"

Vers 6h30 du matin, l'un des occupants a réussi à revenir à la nage sur la côte et a trouvé des ostréiculteurs qui ont pu donner l'alerte, selon le Centre régional opérationnel de sécurité et de secours (CROSS) d'Etel et des pompiers. Les naufragés, dont l’histoire aurait pu se terminer tragiquement, ne souffrent que d'une légère hypothermie.

Même Justine, 9 ans, a été très courageuse. "Elle n’a rien dit, elle n’a pas pleuré. Elle n’a pas paniqué", a assuré Jean-Michel, conscient d'avoir eu "beaucoup de chance" avant de conclure : "tout le monde a fait preuve de beaucoup de sang froid".