Une handicapée attaque l'Etat au nom du droit à la vie

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Une jeune femme lourdement handicapée, accompagnée de sa famille, a demandé vendredi en référé au tribunal administratif de Pontoise d'obliger l'administration à lui trouver une place en établissement spécialisé, "au nom du droit à la vie", espérant créer ainsi un précédent. Le tribunal doit rendre lundi sa décision sur ce référé-liberté, une procédure d'urgence, a indiqué Me Karim Felissi, l'avocat de la famille et de l'Unapei, une fédération d'associations spécialisée dans la défense des personnes handicapées mentales. Amélie Loquet, 19 ans, est atteinte du syndrome de Prader-Willi, une anomalie génétique rare qui a entraîné un retard mental et l'a rendue obèse. Elle souffre aussi de troubles autistiques et de troubles envahissants du développement, et doit être surveillée par ses parents 24 heures sur 24.
"Eu égard à l'absence de prise en charge médico-sociale (d'Amélie) et à l'épuisement psychique de la famille, il y a une atteinte au droit à la vie", a souligné Me Felissi. Jusqu'à sa majorité, la jeune fille était prise en charge dans des établissements spécialisés. En octobre 2012, elle doit quitter l'institut médico-éducatif qu'elle fréquentait et qui, selon sa mère, "n'était plus adapté". Elle retourne vivre chez ses parents, qui ne trouvent pas de nouvelle place en institution spécialisée.

"Amélie est complètement isolée, elle n'a plus de relations sociales" depuis qu'elle reste à la maison, se désole sa mère, Marie-Claire Loquet. "Le fait qu'elle soit (à la maison) sans activité, ça développe tous ses troubles", a-t-elle expliqué. Attaqués par la famille, le Conseil général du Val-d'Oise et l'Autorité régionale de Santé (ARS) affirment qu'une solution d'hébergement a été trouvée, mais dans un établissement, à Baumont-sur-Oise, qui est encore en travaux et ne peut l'accueillir dans l'immédiat. Selon l'Unapei, c'est la première fois qu'une famille attaque ainsi en référé-liberté, une procédure d'urgence. Jusqu'ici, les personnes handicapées et leur entourage n'ont obtenu que des dommages et intérêts de l'État, mais pas de place. "Nous voulons montrer que c'est un déni de citoyenneté", a déclaré à l'AFP Christel Prado, la président de l'Unapei, regrettant que les lois prévoyant l'accueil des personnes handicapées "dans des établissements adaptés à leurs besoins (...) ne soient pas appliquées".