Une PME liquidée par erreur

ECA, entreprise de plomberie de Seine-et-Marne, subit les frais d'une faute du tribunal de Paris.
ECA, entreprise de plomberie de Seine-et-Marne, subit les frais d'une faute du tribunal de Paris. © MAXPPP
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ECA, entreprise de plomberie de Seine-et-Marne, subit les frais d'une faute du tribunal de Paris.

"Je suis victime d'une injustice notoire, c'est le chaos là… Je vois mon carnet de commande pour 2012-2013 s'effondrer." D'une petite voix, encore abasourdi par ce qui lui arrive, l'entrepreneur Bertrand Jacquelot a raconté mercredi au micro d'Europe1 sa mésaventure qui, il l'espère, n'évoluera pas en drame.

ECA, son entreprise de plomberie de Seine-et-Marne, est peut être sur le point de faire faillite. La cause ? Elle a été placée en liquidation judiciaire… par erreur.

"J'ai perdu 850.000 euros"

Pour obtenir le règlement d'une facture impayée de l'un de ses clients, Bertrand Jacquelot a en effet demandé au tribunal de grande instance de Paris de mettre cette entreprise cliente, qui lui devait 11.700 euros, en liquidation simplifiée. Mais le greffe chargé de mettre en œuvre sa demande a inversé les numéros à inscrire sur le registre des sociétés (RCS). Résultat : c'est ECA qui a été placée en liquidation judiciaire.

Parue au Journal officiel (JO), l'information se propage. Elle parvient à la Banque de France, aux organismes de garantie, aux clients et fournisseurs de la société…  "On a eu des conséquences immédiates. À peine l'erreur commise, les comptoirs de nos fournisseurs étaient fermés et des clients affolés nous appelaient en rafales, nos comptes ont été bloqués", raconte-t-il.

Bertrand Jacquelot déplore déjà l'annulation de plusieurs contrats. Et parmi les appels, il en est un qui fait plus mal que les autres. "Un client a eu peur, et a mis fin à un gros contrat que l'on travaillait de longue date. J'ai perdu 850.000 euros."

ECA se porte bien

ECA travaille en effet pour de nombreux promoteurs immobiliers. "Il fait être bien dans les clous. J'ai beau leur expliquer qu'il s'agit d'une erreur, ils ont beau me croire, cela ne change rien", raconte l'entrepreneur au journal 20Minutes. Pourtant la société se porte bien, renseigne Le Parisien-Aujourd'hui en France. ECA emploie 20 salariés et réalise un chiffre d'affaires annuel de 2 millions d'euros.

Un erratum devrait être publié samedi prochain au Journal officiel. Mais pour annuler la liquidation, Bertrand Jacquelot va devoir ouvrir une procédure judiciaire. "C'est comme si un organisme officiel annonçait votre décès. Votre banque exigera la preuve que vous êtes bien vivant", résume à 20Minutes Me Sonia Beaufils, l'avocate d'ECA.