Une France corruptible ?

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Solène Cordier avec AFP , modifié à
Un rapport souligne les défaillances au sein du Parlement, de l’exécutif et de la justice.

La France n’est pas un modèle à suivre en matière de corruption. Au niveau européen, elle se situe en milieu de peloton selon le rapport "Argent, pouvoir et politique: les risques de corruption en Europe", publié mercredi par Transparency International.

L’ONG s’est penchée sur les mécanismes anti-corruption de 25 pays. Le Danemark, la Norvège et la Suède sont les mieux préparés contre la corruption, tandis que les institutions bulgares et roumaines sont au contraire les moins efficaces pour lutter contre ce fléau.

Les parlementaires français pointés du doigt

Non seulement la France ne fait  pas partie des Etats les plus performants mais pire, elle se distingue par ses défaillances au sein du Parlement, de l’exécutif et de la justice. Trois secteurs qualifiés de "maillons faibles de la lutte contre la corruption".

Malgré un niveau national d’intégrité jugé relativement solide – d’un niveau équivalent à la Belgique et aux Pays-Bas – le rapport épingle un certain nombre de faiblesses françaises. Par exemple, la France est le seul pays avec la Slovénie où les parlementaires ne sont pas tenus de rendre publiques leurs déclarations de revenus et de patrimoine.

"Soixante parlementaires sont avocats d’affaires. C'est-à-dire qu’ils exercent un mandat au nom du bien commun, et en même temps une activité rémunérée pour conseiller des personnes privées au mieux de leurs intérêts", s’insurge auprès du Parisien Daniel Lebègue, le président de Transparency International France.

Le travail de la Cour des comptes salué

Le rapport pointe aussi l’usage abusif du secret-défense "pour freiner le travail des juges d’instruction" et le caractère "trop peu indépendant"de la justice française. Enfin, la France fait partie des dix-neuf pays qui n'ont toujours pas réglementé les activités de lobbying.

Du côté des bonnes nouvelles, le travail de la Cour des comptes est salué ainsi que celui de la Commission de contrôle des élections et des services publics.

Rompre les liens entre politiques et entreprises

Au niveau européen, les partis politiques, les entreprises et la fonction publique sont les institutions les moins performantes en matière de lutte contre les pots-de-vin et les mauvais agissements, relève Transparency. L’ONG recommande à cet égard de prendre des mesures pour rompre les liens trop étroits entre le secteur privé et la classe politique. Par exemple, réglementer le lobbying ou plafonner les dons politiques.

En France, la signature d’une charte de déontologie par les ministres est saluée comme "une première étape" vers plus d’éthique.