Un sacristain revendique un tableau

Thomas Cherpeau (à droite) se dispute un tableau avec l'Etat.
Thomas Cherpeau (à droite) se dispute un tableau avec l'Etat. © Max PPP
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avec Laure Dautriche , modifié à
Un employé de la cathédrale de Tours poursuit l'Etat après la découverte d'une toile du 17e siècle.

Il veut être reconnu pour sa trouvaille. Thomas Cherpeau, 33 ans, sacristain et employé de la cathédrale de Tours en Indre-et-Loire, a assigné l'Etat devant le tribunal de grande instance du Loiret. Il revendique la propriété d'un tableau qu'il a découvert dans la cathédrale. La toile n'est pas répertoriée mais l'Etat estime que l'œuvre lui appartient.

Une toile de 4 mètres sur 2

En 2006, Thomas Cherpeau, le sacristain, fait du rangement dans la cathédrale. Il découvre une toile de quatre mètres sur deux derrière une armoire de la tour sud de la cathédrale. Cette œuvre, qui a été entièrement restaurée par l'Etat pour 30.000 euros, a depuis repris sa place dans l'édifice religieux.

Aucune estimation n'a encore été réalisée. Il s'agirait d'une peinture flamande du 17e siècle d'une grande valeur (plusieurs milliers d'euros) qui montre la conversion de Saint Paul.

Le tableau :

tableau saint paul 930

© Max PPP

"Ça a fait rire pas mal de monde"

Thomas Cherpeau assure n'avoir jamais "demandé de l'argent" pour sa découverte. Il réclamait seulement de la "reconnaissance". "Je voulais juste une petite plaque en dessous du tableau avec mon nom qui indiquait que je l'avais découvert. Ce n'est pas un remerciement mais c'est quand même moi qui l'ai découvert", assure le sacristain au micro d'Europe 1.

Mais sa demande n'a pas été prise en compte. "Ça a fait rire pas mal de monde. On m'a répondu que la cathédrale avait énormément de chance que l'Etat ait pris en charge la restauration de ce tableau pour le patrimoine et que je n'avais rien à demander. Pour eux, ma découverte, ce n'était pas une découverte mais un tableau simplement rangé dans une pièce", déplore Thomas Cherpeau. 

Il pourrait empocher plusieurs milliers d'euros

Ce jeune sacristain a donc porté l'affaire devant la justice. Si le tribunal reconnaît sa découverte, il pourrait ainsi devenir, pour moitié, propriétaire de l'œuvre conformément à la loi, et ainsi empocher une somme de plusieurs milliers d'euros.

"La loi impose trois conditions, qui sont en l'occurrence réunies. Il faut que la découverte soit fortuite, que l'objet soit caché et que personne n'ait de titre de propriété. Or l'œuvre ne figure pas à l'inventaire de 1906, établi après la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat", explique son avocat Me David Athénour, dans Le Parisien.

Du côté de la Direction régionale des affaires culturelles, cette version est contestée. "Il n'a trouvé cette œuvre que parce qu'on lui avait demandé de faire du rangement", rétorque Gilles Blieck, conservateur du patrimoine avant d'ajouter : "comment peut-on dire qu'une toile aussi grande et entreposée dans un endroit fait pour cela était enfouie ?"