Un radiologue condamné pour escroquerie

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C.B avec AFP , modifié à
Un mandat d'arrêt a été émis contre le médecin, absent, lors de sa condamnation à de la prison.

L'escroquerie s'élevait à 2,6 millions d'euros. Un radiologue belgo-syrien a été condamné mardi à Valenciennes à quatre ans de prison, dont deux ans et demi ferme, pour escroquerie à la Sécurité sociale. Farid Alsaïd, 58 ans, devra également verser près de 2,7 millions d'euros de dommages et intérêts à plusieurs Caisses primaires d'assurance maladie et à la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam).

Un mandat d'arrêt déposé. Le tribunal de Valenciennes, a en outre interdit définitivement au radiologue d'exercer sa profession. Ni le Dr Farid Alsaïd, ni son avocat n'étaient présents à l'annonce du jugement. Un mandat d'arrêt a été lancé contre le médecin, qui s'était enfui pendant plus d'un an en Syrie lors de l'ouverture de l'enquête pour escroquerie, début 2008.

Outre l'"escroquerie massive à l'assurance maladie", le médecin a en effet été jugé coupable de "tout un ensemble de pratiques frauduleuses" dans les cinq cabinets qu'il possédait dans le nord de la France. Le président du tribunal a énuméré le "recours à la téléradiologie au rabais avec un personnel sans qualification", le "délaissement de la sécurité" et la "multiplication sans fondement médical d'actes de radiologie".

Un personnel non formé. Entre 2006 et 2007, le médecin a en effet embauché des salariés non formés à la manipulation radiologique. Conséquences : des mammographies réalisées sans agrément et qui n'avait pas permis de repérer certaines tumeurs, des radios des hanches potentiellement dangereuses pour des nourrissons, ou encore des fractures non décelées. Les employés, souvent des jeunes femmes sans expérience professionnelle, étaient embauchés comme secrétaires médicaux puis formés en quelques semaines seulement à la radiologie.

Il doublait les radios. Le médecin a également utilisé les cartes professionnelles de médecins belges qui effectuaient des vacations très ponctuelles dans ses cabinets pour pratiquer de manière illégale la télémédecine. Le Dr Alsaïd était aussi accusé de facturation frauduleuse. Selon les caisses d'assurance maladie, il avait ainsi "doublé" environ un millier d'actes, par exemple en effectuant une radio des deux poignets alors qu'une seule était nécessaire.

"Une intelligence supérieure". Me Hisbergues, l'avocat des Caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) de Lille-Douai, du Hainaut, de l'Aisne, ainsi que de la Cnam, parties civiles dans ce procès, estime que la décision de justice est "sévère, mais elle me paraît tout à fait justifiée au regard des fraudes". Doté d'une "intelligence supérieure", le Dr Alsaïd avait "délibérément" mis en place un "système généralisé de fraude" comportant des "risques pour la sécurité des patients et des personnels", a dénoncé la procureur de Valenciennes, dans son réquisitoire.

"Les yeux plus gros que le ventre". L'escroquerie se déroulait de surcroît dans "de petites villes déshéritées", où vit une "population vulnérable", selon elle. "C'est un procès qui a duré sept ans devant le juge d'instruction, avec des rebondissements. C'est au moins la fin d'un épisode", a souligné Me Hisbergues, l'avocat des parties civiles, qui s'attendait néanmoins à un appel. Lors du procès, l'avocat de la défense avait estimé que son client avait eu "les yeux plus gros que le ventre" en voulant monter son réseau de cabinets.