Un maraîcher interdit de recruter au Maroc

Le ramassage de la coriandre nécessite une technique particulière.
Le ramassage de la coriandre nécessite une technique particulière. © Reuters
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avec Sébastien Guyot , modifié à
Pour ramasser la coriandre, il veut faire appel à des Marocains. Pôle Emploi le lui interdit.

Un maraîcher de Forges-les-Eaux, en Seine-Maritime, qui cultive de la coriandre, ne sait plus à quel saint se vouer. Satisfait du travail fourni par deux employés marocains et ne trouvant pas le profil recherché en France, il a décidé de recruter directement au Maroc pour augmenter sa production. Mais Pôle Emploi le lui interdit. Motif invoqué : il doit faire appel à une main-d’œuvre locale.

Très prisée des restaurateurs parisiens, la coriandre nécessite pour son ramassage une technique particulière, que peu de Français maîtrisent. Or, les deux salariés marocains de Patrick Lemaçon, Yahia et Mohammed, travaillent d’un geste précis et rapide. A eux deux, ils ramassent près de 7.500 bottes de coriandre par jour à une cadence impressionnante.

"Ils ont l'amour du travail"

"Ces gens-là, ils ont l’amour du travail, ils en ont besoin, ils ne viennent pas pour cocher une case dans les Assedic", soutient Patrick Lemaçon au micro d’Europe 1. "Quand ils vous font un travail, ils ne regardent pas leur montre", ajoute le maraîcher. D’où sa volonté de recruter au Maroc.

D’autant que, pour effectuer ce travail saisonnier qui s’étend d’avril à novembre, Patrick Lemaçon propose un salaire alléchant de 3.000 euros nets. Malgré cela, tous les candidats qu’il a reçus n’ont pas fait l’affaire. En cause, la pénibilité du travail, les horaires, le manque de rapidité. Du coup, le maraîcher ne comprend pas la réaction de Pôle Emploi qui met en avant une circulaire imposant le recrutement en priorité d’une main d’œuvre française ou européenne.

Une note édictée par le ministère de l'Immigration

"C’est une note édictée par le ministère de l’Immigration qui nous donne des règles de gestion dans le cadre de l’introduction d’une main-d’œuvre étrangère", se défend Brice Mullier, directeur du Pôle Emploi de Forges-les-Eaux. "C’est valable pour les emplois saisonniers comme pour n'importe quel autre emploi", précise-t-il à Europe 1.

Mais si au bout de cinq semaines, si personne n’a été recruté, on peut faire appel à un étranger hors Union Européenne. Le bras de fer continue donc. D’autant que Patrick Lemaçon sera jugé en juin prochain pour avoir chassé manu militari un agent du Pôle Emploi. Ce dernier était venu lui proposer de former de la main-d’œuvre…locale.