Un ex-PDG de la FDJ accuse l'entreprise de tromperie

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avec Julien Pearce et AFP , modifié à
RIEN NE VA PLUS - Selon l'ancien président de la Française des Jeux, la répartition des jeux de grattage par carnets fausse l'égalité des chances des joueurs.

L'INFO. Et si les dés qui font les jeux de grattage étaient pipés ? C'est ce qu'avance mercredi un ancien PDG de la Française des jeux. Gérard Colé, qui fut à la tête de l'entreprise publique de 1989 à 1993, accuse la FDJ d'avoir trompé les joueurs. Selon lui, la société ferait croire qu'il y a dans les jeux de grattage "une égalité des chances qui n'a jamais existé". Il a ainsi décidé d'appuyer la thèse de Robert Riblé, un retraité qui se bat contre l'entreprise depuis des années. Selon Robert Riblet les tickets livrés par la FDJ aux buralistes ne sont pas répartis au hasard, mais par livrets.

La répartition des tickets ne devrait rien au hasard. Pendant plus de trois ans, Robert Riblet, ingénieur à la retraite, a en effet épluché les méthodes de la Française des Jeux. Il a rencontré 1.500 buralistes et dépensé plus de 30.000 euros en jeux de grattage. Sa conviction : que l'entreprise a manipulé le hasard. Concrètement, selon lui, les tickets étaient livrés aux détaillants par livret de cinquante. Et dans trois livrets sur quatre, il n'existe qu'un seul "gros lot" supérieur ou égal à 20 euros. Les autres tickets sont ainsi soit perdants, soit porteurs de montants "dérisoires", avait-il dénoncé. Une fois le "gros lot" remporté, les tickets continuent d'être vendus, ce qui constituerait, selon lui, une "rupture d'égalité" entre les joueurs. D'après lui, le système a donné lieu à des dérives.  

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Des buralistes dans la combine ? Pire, selon l'ex-ingénieur, certains buralistes dans la confidence encaissent pour eux-mêmes les lots les plus importants. "Si la majorité des tickets d'un livret étaient ressortis avec des lots dérisoires, ils en déduisaient que le gros lot restait à venir. Ils achetaient alors pour leur propre compte les tickets restants", précise de son côté Gérard Colé l'ex-PDG.

>> Écoutez comment Robert Riblet en est venu à faire son enquête :

"Des milliers de joueurs ont été lésés"par Europe1fr

Le but : "faire rejouer". "Des milliers de joueurs ont été lésés" depuis la mise en place du premier jeu de grattage en 1989, estime aujourd'hui Gérard Colé, l'ex-PDG de la FDJ, qui assure ne pas avoir été au courant de cette pratique lorsqu'il était à la tête de l'entreprise. Le but était "de faire rejouer et de doper le chiffre d'affaires des courtiers, des détaillants et de la FDJ", ajoute-t-il. "Tout le monde sait que j'ai raison depuis des années", s'est de son côté félicité Robert Riblet mercredi. "Mais il y a tellement d'enjeux financiers qu'on essaye de botter en touche et de me faire passer pour quelqu'un à l'imagination débridée".

Une instruction est en cours. "Je me tiens à la disposition des magistrats afin, s'ils le souhaitent, d'être entendu" dans la procédure opposant la FDJ à Robert Riblet, a indiqué l'ex-PDG. Car à la suite de son travail d'enquête montrant que la détermination et la répartition des gains dans les jeux de grattage n'a rien d'aléatoire, Robert Riblet a décidé d'engager, en 2006, une procédure pénale contre la société. Une instruction est actuellement en cours.

Des arguments "fondés". L'ancien ingénieur a, en parallèle, assigné la FDJ devant les juridictions civiles. Il a été débouté et condamné en août dernier à verser à l'entreprise 10.000 euros de dommages et intérêts. Le juge a estimé qu'il n'avait pas apporté la preuve que le rôle du hasard avait été faussé par la FDJ. "J'ai été consterné par cette décision  et j'ai décidé de réagir", explique Gérard Colé, affirmant que les arguments de Robert Riblet sont "fondés".   

Un règlement modifié en 2007. De son côté, la Française des jeux, détenue à 72% par l'État, a toujours nié formellement tromper ses clients. Pour autant, en 2007, la FDJ avait modifié le règlement de ses jeux de grattage. Depuis, "il n'y toujours pas eu de législation convenable en la matière", déplore Gérard Colé. La Française des Jeux n'a pour l'heure pas réagit à ces propos.

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