Un Français inhumé dans le camp où il avait été déporté

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Photo d'illustration. © REUTERS
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avec AFP
Les cendres d'un ancien résistant français mort à 90 ans vont être déposées à côté de la fosse commune du camp où sont morts plusieurs de ses camarades.

Les cendres d'un ancien résistant français, décédé à 90 ans à Belfort, seront déposées vendredi à côté de la fosse commune du camp de Langenstein-Zwieberge (Allemagne), conformément à son souhait de rejoindre ses camarades de détention, a indiqué mercredi son fils. Louis Bertrand a fait part, quelques années avant son décès survenu en juin 2013, de sa volonté de retrouver ses camarades en étant inhumé à proximité de la fosse commune du camp, a précisé son fils, Jean-Louis Bertrand.

Il rend hommage à la mémoire de ses "copains". "La volonté de mon père correspond à sa démarche de transmettre le passé et d'être un passeur. C'est sa manière de dire: 'je n'oublie pas les copains décédés sur place et je rends hommage à leur mémoire'", analyse le fils du déporté. Pour accéder à sa demande, sa famille et les autorités allemandes ont travaillé pendant deux ans afin d'obtenir une extension du cimetière de la commune d'Halberstadt, dans le centre de l'Allemagne, où est situé le camp.

Concession gratuite à perpétuité. Un espace près de la fosse commune est désormais officiellement réservé aux anciens déportés qui souhaitent être inhumés sur place. Louis Bertrand sera le premier à avoir cette concession gratuite à perpétuité, a expliqué son fils. Selon Jean-Louis Bertrand, "une famille a déjà disséminé les cendres d'un déporté au camp, de manière clandestine. Désormais des inhumations officielles sont possibles".

Entré dans la clandestinité en 1944. Né le 3 janvier 1923 dans une famille de cheminots, Louis Bertrand est devenu responsable du scoutisme clandestin de la région de Belfort durant la Seconde Guerre mondiale. En 1941, il contribua à la création du clan "Guy de la Rigaudie", une unité de résistance dont il devint chef des "équipes ville" en 1943. Réfractaire au Service du Travail Obligatoire (STO), il est entré dans la clandestinité en avril 1944, avant d'être arrêté par les Allemands en août de la même année. D'abord déporté à Buchenwald, il a ensuite été transféré dans le camp de travail voisin de Langenstein-Zwieberge.

Survivant in extremis. Survivant in extremis à une "marche de la mort" - l'évacuation des camps par les Allemand à l'approche des Alliés -, Louis Bertrand a finalement été libéré par les Américains en avril 1945. Après la guerre, il s'est impliqué dans la transmission de son passé, intervenant fréquemment dans les écoles. Louis Bertrand avait publié en 2005 un livre de souvenirs intitulé "Nummer 85250", son numéro de déporté.