Tuerie de Chevaline : l'ex-policier se dit "détruit"

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INTERVIEW E1 - Ce passionné d'armes anciennes raconte le traumatisme de sa garde à vue et les répercussions sur sa vie professionnelle.

Après avoir été présenté comme le suspect n°1 de la tuerie de Chevaline, Eric a finalement été libéré après quatre jours de garde à vue, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui dans cette affaire. "Je n'étais pas à Chevaline, je travaillais ce jour là", martèle le père de famille, visiblement encore très touché par cette affaire. Cet ancien policier municipale, passionné d'armes anciennes, est toutefois visé par une information judiciaire pour trafic d'armes. Sur ce point, Eric assure qu'il s'agit "d'armes de collection". Sur Europe 1, il raconte le traumatisme de sa garde à vue et les répercussions qu'elle a eu sur sa vie professionnelle.

"Vous êtes en garde à vue pour l'affaire de Chevaline". Sa garde à vue a d'abord été présentée comme une "avancée importante" dans l'affaire de la tuerie de Chevaline, qui avait fait quatre morts, le 5 septembre 2012, en Haute-Savoie. Mais lorsqu'il est interpellé, mardi 18 février, à son domicile de Talloires, c'est l'incompréhension qui règne dans l'esprit d'Eric. "L'interpellation est assez rapide, assez violente. Je monte dans ma voiture, trois gars me tombent dessus, puis d’autres arrivent encore, m'extraient de la voiture, me mettent à terre, me mettent dans un camion où on me dit : 'Vous êtes en garde à vue pour l'affaire de Chevaline'", raconte le quadragénaire.

"Je travaillais le jour de la tuerie !". Commence alors quatre jours d'une garde à vue, où, dans l'esprit des enquêteurs, Eric est interrogé comme "le coupable", confie-t-il. "La première question, c'est où je me trouvais le 5 septembre 2012. C'était il y a un an et demi : je ne me rappelais plus du tout où j'étais. J'ai toujours dit, du début à la fin, que je travaille ! Ils ne voulaient pas l'entendre. Pour eux, je ne travaillais pas, j'étais sur les lieux. Ils ne me le disent pas vraiment, mais je ressens par rapport aux questions qu'ils posent qu'ils pensent avoir trouvé le coupable", se souvient Eric.

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"Les rapaces à l'extérieur". Très vite, l'affaire s'emballe. Eric est présenté comme le suspect n°1 dans la tuerie de Chevaline. Mais, trois jours après le début de sa garde à vue, les enquêteurs commencent à faire preuve de prudence. L'ADN de l'ex-policier ne correspond pas aux profils retrouvés sur la scène de crime. Eric ne sera pas mis en examen dans cette affaire. Disculpé dans cette affaire, il se dit pourtant victime d'une grande "haine à l'extérieur".

"Les journalistes ont été voir ma grand-mère, qui a 92 ans, dans une maison de retraite, ils ont essayé de forcer la porte pour l'interroger. Mon garçon, qui a 13 ans, a refusé d'aller à l'école ; il y est retourné aujourd'hui, je ne sais pas comment ça s'est passé. Il est resté une semaine chez mes beaux-parents, il ne voulait plus être en contact avec tous les rapaces à l'extérieur", raconte l'ancien policier.

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"En aucune manière" mêlé à un trafic d'armes. Durant ces quatre jours de garde à vue, on apprend également qu'une "quarantaine d'armes de guerre, armes d'épaules, armes de poings, des grenades et un obus" ont été découvertes à son domicile. cet ancien policier municipale, radié en juin 2013 de ses fonctions semblent avoir le profil parfait du coupable. Il apprend toutefois qu'il risque d'être poursuivi pour trafic d'armes. Mais Eric assure qu'"en aucune manière" il n'est mêlé à un trafic d'armes.

"Ce sont des armes de collection ! Je suis un collectionneur d'armes de la première et la seconde guerre mondiale. La plus jeune de mes armes a 75 ans. Même si certaines sont létales oui", reconnaît-t-il. Eric craint à présent les conséquences de cette affaire sur sa vie privée et professionnelle. "Je n'ai pas de casier judiciaire. Vais-je avoir un casier judiciaire ? Ça m'inquiète pour mon avenir, mon avenir professionnel", confie le père de famille qui a perdu son emploi le lendemain de l’annonce de sa garde à vue.

"Je suis au bord du trottoir". "Je n'ai plus qu'à trouver un emploi : j'avais un emploi en Suisse, dans la sécurité, j'ai été licencié immédiatement. J'ai été détruit. Ma famille a été détruite, j'avais un salaire correct, je vivais normalement, j'étais inséré dans la société. Maintenant il n'y a plus rien, je suis au bord du trottoir, je n'ai plus de boulot, je ne sais pas si je vais pouvoir garder ma maison parce que j'ai un crédit et rien pour le payer", s'inquiète l'ancien policier qui assure toutefois pouvoir compter sur le soutien de sa famille et de ses proches.

Ecoutez l'intégralité de l'interview :

Eric : "Je n'étais pas à Chevaline, je...par Europe1fr
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