Trois jours fériés "chrétiens" zappés ?

L'Association nationale des Directeurs des Ressources Humaines va soumettre au ministre du Travail de rendre trois jours fériés "chrétiens" travaillés, en échange de trois jours de congés à poser librement.
L'Association nationale des Directeurs des Ressources Humaines va soumettre au ministre du Travail de rendre trois jours fériés "chrétiens" travaillés, en échange de trois jours de congés à poser librement.
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Fabien Cazeaux avec Marion Sauveur , modifié à
 - Des DRH proposent de remplacer des dates "chrétiennes" par des jours flottants.

C’est une proposition "choc". L'Association nationale des Directeurs des Ressources Humaines (ANDRH) va soumettre au ministre du Travail requête visant supprimer trois jours fériés "chrétiens", en échange de trois autres jours de congés à poser librement, selon les informations d'Europe 1. L’objectif est de respecter la diversité de chacun dans les entreprises.

L'Ascension, la Pentecôte et l'Assomption concernés

Exit le jeudi de l’Ascension, le lundi de Pentecôte et l’Assomption. L'ANDRH propose ainsi de conserver comme jours fériés Noël, le lundi de Pâques et le jour de la Toussaint, car "ces fêtes revêtent désormais une forte dimension sociétale", assure l'association. L'idée serait ainsi pour les salariés musulmans ou juifs de poser ces jours fériés lors des fêtes liées à leur religion. Le président de l'ANDRH Jean-Christophe Sciberras a affirmé sur Europe 1 qu'il s'agit ainsi de laisser "plus de souplesse" aux salariés.

Que les salariés se rassurent, la proposition des directeurs des Ressources humaines (DRH) n'est pas "d’enlever des jours. Ils sont dans le calendrier. Simplement ce qui serait nouveau, c'est que les trois jours en question ne seraient pas fermés. Ils pourraient être positionnés sur d'autres fêtes", a-t-il insisté. Et le tout se ferait "sous forme de congés payés", a assuré Jean-Christophe Sciberras.

Les représentants religieux pas contre

Une proposition qui ne froisse apparemment pas les catholiques. Monseigneur Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, a assuré vendredi matin sur Europe 1 que "les catholiques ne se sentent nullement propriétaires d'un calendrier". "La République est laïque. C'est elle qui, en fonction du droit du travail, a posé les jours fériés. La signification religieuse nous y sommes attachés, mais le respect de la diversité, c'est certainement une des sources de paix de la société", a-t-il insisté.

Quant à Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman, il s'y est dit favorable sur Europe 1, "s'il faut aller au-delà du dispositif existant". Car, a-t-il rappelé, les salariés peuvent déjà aujourd'hui "demander une absence les jours de fête religieuse qui ne sont pas fériés, à condition que l'absence ne désorganise pas le service". Mais, a-t-il toutefois insisté, "il faudrait pas que ce soit au détriment de nos concitoyens de confession chrétienne ou de l’activité économique de notre pays".

Par ailleurs, a précisé Mohammed Moussaoui, le Conseil français du culte musulman "est en train de mettre en place un calendrier quinquennale des fêtes religieuses musulmanes, qui permettrait aux administrations et aux entreprises de connaître les fêtes religieuses cinq années à l’avance".

Eviter les départs massifs

Outre le respect de la diversité, l'autre avantage que voient les DRH serait d'étaler davantage les jours fériés des salariés sur l'année. Objectif : éviter les départs massifs en week-end.

L'ANDRH préconise une expérimentation, dans un premier temps, pour quelques entreprises volontaires.