Témoignage : ils ont combattu lors de la bataille de Normandie

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
65 ans après, l'Américain Howard Manoian et l'Allemand Johannes Börner, 84 ans, racontent leur bataille de Normandie, région où ils se sont installés après la guerre.

"Ma plus grande frayeur c'était dans l'avion avant de sauter. C'était mon premier combat. Je m'étais porté volontaire pour être parachutiste pour les 50 dollars de plus par mois. Il fallait être jeune (j'avais 19 ans) et stupide, pour faire ça", raconte Howard Manoian installé dans sa véranda bardée d'insignes de la "82e Airborne" et de photos de commémorations. "Après, on nous avait enseigné qu'on était là pour défendre la liberté, mais j'ai surtout pensé à sauver ma peau", ajoute l'Américain qui depuis 1984 passe au moins la moitié de l'année dans sa petite maison, "my château", à Chef-du-Pont, près de Sainte-Mère-Eglise où il s'était posé le 6 juin 1944 vers 1h30.

Le même jour, Johannes Börner entamait avec sa compagnie une marche de 330 km à pied depuis Landerneau (Finistère) jusqu'à Saint-Lô, où il arrivera confiant une semaine plus tard. "On nous avait lavé le cerveau dans les Jeunesses hitlériennes, puis on nous avait dressé au combat à Landerneau", raconte l'ancien restaurateur, resté en Normandie après la guerre et installé avec sa femme française à Ouistreham, près de Caen. Très vite le jeune soldat de Leipzig se retrouve sous les tapis de bombes et tirs alliés. "On courrait comme des lapins dans le bocage pour éviter les avions qui piquaient sur nous. Une fois j'ai même vu la tête du pilote", ajoute Johannes Börner dont les cauchemars n'ont cessé qu'il y a quelques années.

"Après deux jours de combat à Sainte-Mère-Eglise, j'ai enfin rejoint le pont de la Fière où je devais au départ atterrir en parachute, à 4 km de là. Le 9 avec un char en renfort nous traversions enfin ce pont", après d'opiniâtres combats pour cet axe majeur, raconte Howard Manoïan. Johannes Börner, lui, finira encerclé pendant trois jours dans la célèbre "poche de Falaise" (Calvados) : "Il y avait des tanks alliés tout autour, des bombardements jour et nuit. Des cadavres partout. On avait faim. C'était vraiment terrible".