Takieddine renvoyé en correctionnelle

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avec Reuters , modifié à
L'homme d'affaires franco-libanais, mis en examen dans l'affaire Karachi est accusé d'avoir menti à un  juge.

La sanction. L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine va être renvoyé en correctionnelle pour faux témoignage dans le cadre de l'affaire Karachi, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat, confirmant une information de Libération. L'intermédiaire en armements avait été mis en examen en septembre 2011 pour faux témoignage à la suite d'une plainte déposée par les familles de victimes. Il est accusé d'avoir menti lors d'une audition par le juge antiterroriste Marc Trévidic en avril 2010 en affirmant n'avoir "rien eu à voir" avec le contrat Agosta de vente de sous-marins conclu en 1994 avec le Pakistan. "Sa défense est peu crédible car il résulte que Ziad Takieddine a bien joué un rôle dans le cadre du contrat, en participant à un réseau d'influence censé intervenir au Pakistan", estime la juge d'instruction Sabine Kheris, dans son ordonnance de renvoi datée du 13 août et citée par Libération.

"Cette décision n'a aucun sens". Cette décision est "anachronique, n'a aucun sens et n'a pas beaucoup d'intérêt, il y a des fronts judiciaires beaucoup plus importants", a dit à Reuters l'avocat de Ziad Takieddine, Me Dominique Penin. "Savoir s'il a menti ou pas, c'est une question qui est posée dans le volet financier de l'affaire Karachi et je trouve assez curieux qu'on aille chercher la vérité dans une procédure accessoire où on n'a pas tous les éléments de cet important dossier qui doit représenter 60 volumes pour essayer de dire qu'une personne a menti ou n'a pas menti", a-t-il ajouté. "C'est un débat qui est complètement dépassé et c'est une poursuite qui interroge gravement le droit de se défendre librement et sereinement dans le cadre d'une procédure pénale", a dit l'avocat de Ziad Takieddine.

"Il va devoir s'expliquer". Pour Olivier Morice, avocat des familles des victimes de l'attentat de Karachi, ce renvoi en correctionnel "est la preuve que Ziad Takieddine ment depuis très longtemps dans le dossier". "Il va devoir maintenant s'expliquer devant le tribunal correctionnel et nous espérons enfin pour les familles des victimes qu'il dira la vérité sur son implication personnelle dans le financement de la campagne d'Edouard Balladur", a-t-il dit à Reuters.

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger le Loire, chargés du volet financier sur l'attentat de Karachi, cherchent à savoir si une partie des commissions perçues par Ziad Takieddine à la faveur de contrats d'armements avec l'Arabie saoudite et le Pakistan avait servi à financer la campagne d'Edouard Balladur, via un système de rétrocommissions. L'homme d'affaires a déclaré fin juin avoir financé la campagne de l'ex-Premier ministre via des sommes issues de ces commissions. Il a notamment mis en cause Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, deux proches d'Edouard Balladur et de Nicolas Sarkozy, qui ont contesté les accusations.