Tabac : la chasse aux pubs chez les buralistes

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Sophie Amsili et William Galibert , modifié à
INFO E1 - Le Comité national contre le tabagisme saisit de plus en plus la justice pour que l'interdiction soit respectée.

Après la dernière augmentation des prix du tabac, les associations de lutte contre le tabagisme partent maintenant à la chasse aux publicités illégales chez les débitants. "Les publicités traditionnelles ont disparu, en dehors des débits de tabac où elles sont abondamment exposées", regrettait le Comité national contre le tabagisme (CNCT) dans un communiqué fin mai.Alors le CNCT saisit de plus en plus la justice pour que les infractions soient constatées.

Un huissier dégaine son appareil photo. Dans le 16e arrondissement de Paris, sous le regard intrigué du marchand de tabac, un huissier de justice dégaine ainsi son appareil photo et mitraille un petit écran publicitaire accroché à la caisse. Le commerçant, lui, ne comprend pas du tout ce qu'on lui reproche : "Il y a un affichage à cristaux liquides qui fait de la publicité pour les feuilles à rouler, les briquets de temps en temps, les paquets de cigarettes qui sortent, etc.", explique-t-il au micro d'Europe 1. "Dans n'importe quel magasin de commerce, il y a un affichage sur ce qu'on vend. Ça me paraît tout à fait normal."

Sauf que cet affichage est illégal, même chez un marchand de tabac. Idem pour les présentoirs et les cendriers siglés aux couleurs d'une marque de cigarettes. Les professionnels ne risquent pourtant pas grand-chose : une amende et un simple rappel à l'ordre.

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Des produits "accessibles aux plus jeunes". La stratégie publicitaire est simple, souligne Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national de Lutte Contre le Tabagisme, interrogée par Europe 1 : après chaque hausse du prix du paquet, les marques les moins chères passent à l'offensive en ciblant les clients les plus jeunes. "Dans les jours qui suivent la hausse, il y a beaucoup plus de publicités, surtout des nouvelles qui vont donc être davantage vues par les consommateurs", note-t-elle. "On aura toujours un produit accessible aux plus jeunes et qui ne sera pas à un niveau de prix dissuasif pour qu'ils s'y mettent." Depuis lundi, le prix des cigarettes a augmenté de 20 centimes, faisant passer le paquet le moins cher à 6,30 euros et le plus vendu à 6,80 euros. Le tabac à rouler a, lui, augmenté de 40 centimes.

Les associations veulent maintenant faire appliquer l'interdiction de la publicité même chez les buralistes. Mais elles ne veulent pas s'arrêter là : elles appellent à la mise en place des paquets neutres, sans logo ni couleur, où la marque est reléguée en petits caractères, comme en Australie. La ministre de la Santé Marisol Touraine s'y est d'ailleurs montrée favorable.