Suicide : une affaire de femmes

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MS avec Mélanie Gomez et AFP , modifié à
5,5% de la population française déclare avoir déjà fait une tentative de suicide, selon l'Inpes.

En France, presque un décès sur cinquante est un suicide. Et 5,5% des 15-85 ans déclarent avoir déjà fait une tentative au cours de leur vie, selon le Bulletin épidémiologique de l'Institut national de veille sanitaire. En 2009, 10.464 décès par suicide ont été enregistrés par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l'Inserm. Ce chiffre diminue régulièrement ces dernières années. Toutefois, il reste très élevé par rapport à nos voisins européens.

Le nombre de suicides est connu grâce à l'analyse des certificats de décès. Mais il serait sous-estimé de 9,4%, selon une étude du CépiDc publiée par le BEH. Par contre, les tentatives de suicide ne font pas l'objet d'enregistrements systématiques. Moins de la moitié des tentatives adressées aux urgences seraient ainsi comptabilisées, soulignent les auteurs de l'étude. Ils ont estimé à environ 220.000 le nombre de passage aux urgences pour tentative de suicide en 2007. Europe1.fr dresse un portrait de ce mal français... et féminin.

Les femmes sont plus nombreuses. Si les hommes sont ceux qui représentent les trois-quarts des décès par suicide (7.739 décès masculins contre 2.725 décès féminins), les tentatives et les pensées suicidaires sont davantage le fait des femmes. Ainsi, les femmes sont  plus nombreuses (4,4%) que les hommes (3,4%) à avoir pensé au suicide. C’est ce que montre l'enquête du Baromètre santé, conduite par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) auprès de 27.000 personnes.

Elles sont plus nombreuses à avoir déjà fait une tentative au cours de leur vie (7,6% contre 3,2%) et à avoir tenté de se suicider au cours des 12 derniers mois (0,7% contre 0,3%). Cet apparent paradoxe s'explique en partie par les méthodes mises en oeuvre, plus meurtrières chez les hommes (pendaison, arme à feu...). L'absorption de médicaments est de loin le mode opératoire le plus fréquent, selon des tentatives adressées aux urgences.

Des adolescentes... Un "pic" est observé dans les taux d'hospitalisation chez les adolescentes, "reflet de l'importance du phénomène suicidaire dans cette population particulièrement exposée". L'étude de l'INPES montre d'ailleurs une prévalence des tentatives de suicide au cours des 12 derniers mois plus élevée chez les femmes entre 15 et 19 ans (2%).

... et des femmes plus mûres. Mais les idées suicidaires sont les plus importantes entre 45 et 54 ans (5%). Cette tranche d'âge enregistre le plus gros effectif de décès par suicide (2.246 en 2009). "50 ans est un âge carrefour pour les femmes. Elles ont la pré-ménopause, et la ménopause", souligne David Elia, gynécologue et consultant pour Europe 1. "En consultation, on voit souvent des femmes aux prises avec des idées noires. Elles disent qu'elles ne peuvent plus faire ce qu'elles faisaient avant, qu'elles ne valent plus rien. Le manque d'hormones chez certaines femmes et la cause d'une déprime généralisée", ajoute-t-il au micro d'Europe 1.

Des accidents de la vie pour explications. Les pensées suicidaires surviennent majoritairement après avoir subi des violences. Les autres facteurs associés sont le fait de vivre seul, le chômage, un faible niveau de revenu, la consommation de tabac, et, chez les femmes, une consommation d'alcool à risque chronique.