Sida : limiter la contamination

Un essai va être lancé en janvier 2012 sur les homosexuels hommes pour permettre de réduire le risque d'infection par le VIH.
Un essai va être lancé en janvier 2012 sur les homosexuels hommes pour permettre de réduire le risque d'infection par le VIH. © MAXPPP
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Marion Sauveur et Mélanie Gomez avec AFP , modifié à
Un médicament va être testé sur des hommes homosexuels séronégatifs et volontaires.

30 ans après le début de l’épidémie de Sida, l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (ANRS) va tester pour la première fois un médicament utilisé habituellement chez des séropositifs. Cet essai a pour objectif de limiter le risque de contamination. La première phase de l’expérimentation est lancée mercredi. Elle doit déterminer si cet essai est bien adapté aux besoins de la communauté homosexuelle et permettra de juger de sa faisabilité.

300 volontaires gays

Pour y participer, les 300 volontaires devront être des hommes homosexuels et séronégatifs. Mais pas seulement. Il faudra qu’ils aient eu des relations avec des hommes sans utilisation systématique d’un préservatif et avec au moins deux partenaires sexuels différents dans les six mois précédant leur participation à l’essai ANRS IPERGAY.

Pourquoi avoir choisi cette communauté ? Les homosexuels sont ceux qui ont le plus souvent recours au dépistage du VIH (86%, selon une enquête Presse gay INVS/ANRS), mais aussi ceux qui utilisent le plus les préservatifs (67%). Pour autant, ils sont 33% à assurer avoir déjà eu une relation non protégée avec des partenaires occasionnels.

En 2010, sur les 6.300 nouveaux cas de VIH diagnostiqués dans l’année 40% étaient des hommes homosexuels. Pour l’ANRS, le choix de cette communauté "répond alors à un impératif de santé publique".

Un médicament ou un placebo

Concrètement, les participants seront séparés en deux groupes. L’un recevra un traitement antiviral, le Truvada, et l’autre un placebo. Ils seront pris à la demande, pendant la période d’activité sexuelle : deux comprimés avant et un comprimé après. Ensuite, les volontaires seront conviés à des consultations à l’hôpital environ tous les deux mois pour des examens cliniques et des entretiens.

Le Pr Jean-Michel Molina, à l’origine de l’étude, a assuré au micro d’Europe 1 qu’il n’y avait "pas d’inquiétude à donner des médicaments de ce type à des gens pas malades". Les traitements antirétroviraux ont démontré depuis 1996 leur capacité à réduire la mortalité et à traiter les séropositifs, même s'ils n'apportent pas la guérison. Ils permettent aussi de limiter la contamination de la mère à l'enfant au moment de la grossesse et de l'accouchement. Ces médicaments sont aussi utilisés comme traitement d'urgence après un rapport non protégé à risque.

Mais les comprimés ne remplacent pas la prévention, qui sera renforcée pour les volontaires. Dépistage régulier des infections sexuellement transmissibles (IST/MST), conseils et préservatifs, ainsi que vaccinations anti-hépatites A et B seront offerts à tous.

"Tout doit être fait pour diminuer le nombre de nouvelles contaminations par le VIH dans les populations les plus exposées", explique le professeur Jean-Michel Molina, responsable scientifique de l'essai présenté mercredi.

Ils seront ensuite 1.900

L'essai se déroulera dans trois centres à Paris et à Lyon et sera conduit ultérieurement par Montréal. Si la phase pilote réussit, une deuxième phase sera lancée avec 1.900 participants, incluant les 300 premiers volontaires.

Si vous êtes intéressés par cet essai, vous pouvez vous renseigner auprès de Sida info service au 0.800.840.800 ou sur le site de l’association, mais aussi sur le site dédié à l’expérimentation : ipergay.fr.