Sécurité routière : les pistes de Matignon

Plusieurs pistes  sont à l'étude pour infléchir la courbe du nombre de victimes sur les routes. Les associations privilégient la simple mais réelle application des lois existantes.
Plusieurs pistes sont à l'étude pour infléchir la courbe du nombre de victimes sur les routes. Les associations privilégient la simple mais réelle application des lois existantes. © MAXPPP
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avec Arthur Helmbacher et AFP , modifié à
Après des chiffres d’avril désastreux, 20% de morts en plus, de nouvelles mesures sont à l’étude.

Un Comité interministériel de sécurité routière a été convoqué en urgence pour mercredi par le Premier ministre François Fillon afin de répondre à l'"aggravation des chiffres" constatée depuis le début de l'année, a annoncé dimanche Matignon.

Les derniers chiffres de la sécurité routière, indiquant une hausse de 20% du nombre de victimes en avril, ont en effet provoqué un choc. D’autant que cette hausse s'est produite après une augmentation de plus de 10% sur le premier trimestre.

"Aucune politique sérieuse menée ces dernières années"

A l’origine, Matignon avait prévu de se pencher sur la question entre "fin mai" et "mi-juin". Mais "le Premier ministre a trouvé qu'avec l'aggravation des chiffres, il fallait que le mouvement s'accélère", a-t-on expliqué dans son entourage.

Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la Violence routière, a appelé lundi sur Europe 1 à prendre de "vraies mesures" et à arrêter de "bricoler des mesurettes dignes d'amateurs". "Nous avions prévu ce désastre", a souligné Chantal Perrichon, "nous l'avons dit durant des mois. Ne pas avoir osé résister aux casseurs du permis à points, c'était une honte", accuse-t-elle les parlementaires. "Nous le payons très cher".

Pour la présidente de la Ligue contre la Violence routière, il est trop facile de récupérer les points du permis de conduire. "Si le gouvernement est capable de dire sur ces stages de sensibilisation à la récupération de points, vous ne récupèrerez que deux points au lieu de quatre alors cela montrera un premier niveau d'engagement", a-t-elle conclu.

Première piste, interdire le kit mains-libres

Samedi, tout en se refusant à donner des mesures précises, plusieurs sources gouvernementales avaient expliqué que "toutes les pistes de progrès étaient à l'étude" pour inverser la tendance.

Outre l'installation de nouveaux radars, l'une d'elle pourrait concerner l'usage du téléphone portable au volant qui, selon une étude rendue publique vendredi, est associé à près d'un accident corporel sur dix, que le conducteur utilise ou non un kit mains-libres. Actuellement, le code de la route interdit de conduire avec un téléphone portable à la main, mais pas avec des oreillettes et en kit mains-libres.

Deuxième piste, abaisser le seuil d’alcoolémie

Autre possibilité : abaisser de 0,5g à 0,2g le seuil légal d'alcool dans le sang pour les conducteurs, notamment les 18-25 ans. Une piste accueillie avec la plus extrême réserve par les associations, selon qui la législation actuelle est déjà insuffisamment respectée faute de contrôles.

"Ça ne veut pas dire grand-chose parce que le taux d’alcoolémie est différent pour chaque personne", souligne Nicolas sur Europe 1. Il y en a qui résistent beaucoup mieux. On sait que les français résistent mieux à l’alcool en général. L’intérêt est relatif. C’est une mesurette".

Troisième piste, les deux-roues et les piétons

Troisième piste envisageable, une pression accrue sur les pilotes de deux-roues et les piétons. Le bilan 2010 en Ile-de-France a montré la vulnérabilité de ces deux populations en ville. Elles ont respectivement représenté 37% (pour 17% du trafic d'Ile-de-France) et 46,7% des tués dans l'agglomération parisienne.

La remontée des files par les deux roues pourrait être autorisée à condition qu'elle se fasse lentement. "C’est indispensable tout simplement parce que quand une voiture change de file, il y a une seconde pour pouvoir réagir. En permanence, j’ai les muscles qui sont tendus, en permanence j’ai dans la tête que je peux mourir", souligne Stéphane au micro d'Europe 1.

Les piétons sont eux-mêmes "responsables de 52,6% des accidents corporels par le non-respect des règles du Code de la Route", selon ce bilan. Début mai, des associations avaient appelé les conducteurs à limiter leur vitesse en ville à 30 km/h.