Rythmes scolaires : une grève très suivie

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Thomas Morel avec Reuters , modifié à
Les enseignants parisiens sont les premiers à se mobiliser, en nombre, contre cette réforme.

>> L'actu. Les syndicats de l'Education nationale ont organisé mardi une grève à Paris, avant une mobilisation nationale mercredi. En cause, la réforme des rythmes scolaires initiée par Vincent Peillon, le ministre de l'Education, qui prévoit de faire passer la semaine des écoliers de quatre à quatre jours et demi, et ce dès la rentrée 2013.

Une grève suivie. Entre 2.500 et 3.000 enseignants des écoles primaires parisiennes ont manifesté selon la police et les organisateurs, sur les 8.500 enseignants d'école primaire à Paris que comptent les syndicats. 90% d'entre eux étaient en grève selon les syndicats, 78% selon le rectorat de Paris. Pour Jérôme Lambert, du principal syndicat du primaire, le SNUipp-FSU Paris, ce mouvement est "massif et inédit". De son côté, le maire de Paris Bertrand Delanoë a répondu qu'il ne "reculera(it) pas" sur la réforme des rythmes scolaires, même s'il s'est dit prêt à "écout(er) tout le monde".

• Une protestation qui a surpris. Le gouvernement ne s'attendait pas à un tel mouvement et pour cause : cette réforme est dans les tuyaux depuis longtemps et la concertation a été consistante. Le débat sur les rythmes scolaires a en effet été initié dès 2010 par Luc Chatel. Son successeur, Vincent Peillon, a organisé une consultation sur le sujet de juin à octobre 2012, un débat qui s'est conclu par un rapport validant la réforme et accepté par les syndicats enseignants. Enfin, ces derniers ont été consultés sur la question entre octobre et décembre 2012, d'où une certaine incompréhension au ministère de l'Education nationale.

>> Les enseignants parisiens font néanmoins grève. Voici leurs revendications.

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Une réforme "précipitée". Pour les syndicats, c'est d'abord la précipitation du gouvernement qui pose problème. Peu de communes seront prêtes pour cette réforme à la rentrée prochaine. C'est le cas notamment des zones rurales, où il faudrait recruter en un temps record des effectifs supplémentaires pour encadrer les élèves. C'est aussi le cas dans les grandes villes. A Paris, le Front de gauche a ainsi demandé au maire de retarder d'un an la mise en place de la réforme qui, en l'état, "dégrade sensiblement les conditions de travail des enseignants." Un avis également partagé par l'UMP, qui dénonce un calendrier "trop serré et complètement irréaliste".

Un financement complexe. Mais le principal problème, de l'aveu de tous, reste le financement de la semaine de quatre jours et demi. Pour accueillir les élèves une demi-journée de plus, il faut financer le transport scolaire, le chauffage, l'entretien, la cantine parfois… Une facture particulièrement lourde : l'association des maires des grandes villes de France l'évalue à 600 millions d'euros pour l'ensemble des enfants en année pleine.

Pour la rentrée prochaine, les communes peuvent bénéficier du soutien de l'Etat, qui a débloqué une aide de 250 millions d'euros, à raison de 50 euros par élève, ou 90 dans les zones difficiles. Pour les années suivantes, en revanche, c'est à chacun de se débrouiller. "Les inquiétudes des communes, ce n'est pas de démarrer, c'est d'avoir la capacité de tenir sur la durée", résume Yves Fournel, président du Réseau français des villes éducatrices, également adjoint au maire de Lyon.

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Un exemple : à Brest. Le cas de la ville de Brest, dans le Finistère. Pour la rentrée 2013, cette ville du Finistère devrait percevoir 400.000 euros de l'Etat. A partir de 2014, en revanche, le financement se compliquera significativement. "Les fourchettes sont très larges: ouvrir la cantine peut coûter 1 million d'euros par an à la ville. On peut aller jusqu'à 2 millions d'euros par an quand on compte la cantine et un gros investissement vers les associations", explique Marc Sawicki, adjoint au maire.

Les municipalités elles-mêmes réticentes. A cet égard, Brest n'est pas un cas isolé. De nombreuses villes (c'est notamment le cas de Lyon) ont annoncé qu'elles ne s'engageraient qu'une fois sûres de recevoir l'aide financière des caisses d'allocations familiale.