Régimes : la guerre des "gourous" au tribunal

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F.C avec Raphaële Schapira et agences , modifié à
La plainte pour diffamation de Pierre Dukan contre Jean-Michel Cohen est examinée mardi.

Mon premier a écrit "Je ne sais pas maigrir". Le second a publié, entre autres, "Savoir maigrir" et la série des "Savoir manger". L’un se targue d’avoir vendu 20 millions d’exemplaires dans le monde avec son régime amaigrissant hyperprotéiné, l’autre assure en avoir vendu également des millions avec son régime hypocalorique. Les deux stars ès nutrition Pierre Dukan et Jean-Michel Cohen s’affrontent par avocats interposés, mardi, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, suite à la plainte pour diffamation déposée par Pierre Dukan contre son confrère.

Ce qui a mis le feu aux poudres

Le différend remonte à juin 2010. Alors que la méthode Dukan devient LE régime dont tout le monde parle, le docteur Cohen critique son confrère dans une interview au magazine bimestriel Meilleure Santé. Jean-Michel Cohen raille le manque d’originalité du régime proposé par Pierre Dukan, déclarant qu’il était "tout sauf nouveau", puisque existant depuis les années 1950, époque à laquelle un certain Dr Pennington l'avait "mis au point".

Deuxième salve de critiques, sur la dangerosité de la méthode cette fois. "Il s'agit d'une véritable déstructuration alimentaire qui, entraîne de graves problèmes de santé chez certains patients comme une forte hausse de cholestérol, des problèmes cadio-vasculaires, des cancers du sein", assure Jean-Michel Cohen. Interrogé ensuite sur ceux à qui cela profite, le docteur Cohen enfonce le clou : "A l'industrie de la perte de poids, aux médecins, aux vendeurs de pilules, à l'édition, aux journaux... Tout le monde surfe sur le fantasme du régime."

Où est la frontière entre critiques et diffamation ?

Des déclarations jugées inacceptables par le docteur Dukan, qui a porté plainte pour diffamation et demande 15.000 euros de dommages et intérêts. "La critique est tout à fait acceptable, surtout entre médecins spécialistes", estime son avocat, Me Sébastien Dufay, "mais là, le Dr Cohen a dépassé le stade de la simple critique".

Une argumentation balayée par la partie adverse. "Quand on est sûr de soi, on accepte la critique et on ne poursuit pas quelqu’un en diffamation pour empêcher que s’exprime cette critique", s’indigne Me Richard Malka, l’avocat de Jean-Michel Cohen, au micro d’Europe 1. Débat scientifique ou diffamation ? Au tribunal correctionnel de trancher.