Quotient familial : les associations partagées

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B.B, avec agences , modifié à
RÉACTIONS - Les organisations familiales oscillent entre soulagement et colère.

L’info. Afin de résorber le déficit de la branche "familles" de la Sécurité sociale, le gouvernement a décidé, lundi, de réduire le plafond du quotient familial de 2.000 à 1.500 euros. Mais Jean-Marc Ayrault, qui en a fait l’annonce depuis Matignon, l’a promis : "il est tout à fait possible de préserver le modèle social français". Et le principe d'universalité, qui posait le plus de problèmes, n'est pas remis en cause. Si certaines associations ont entendu ce message, d’autres ne décolèrent pas.

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"Des familles vont être pénalisées." "Ce financement (de la branche "familles", Ndlr) doit se faire sur la base de la justice, de la solidarité", a argumenté le Premier ministre pour justifier la décision du chef de l’Etat. "C'est pour ça que le gouvernement a choisi de faire appel aux familles les plus aisées." Une version contredite par des associations familiales, à commencer par la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf).

"Des familles vont être pénalisées et peut-être plus qu'à la marge (...) Cela va pénaliser beaucoup de familles, y compris des familles qui jusque-là pouvaient être non-imposables et le fait d'être imposable les amènerait peut-être à perdre leurs aides sociales: c'est la gratuité de la cantine par certaines municipalités, des aides", a ainsi estimé le président de l’association Jean-Louis Deroussen, qui en conclut donc que ce ne sont pas "pas seulement les familles aisées (...) mais des familles qui étaient plutôt jusque-là des familles modestes qui seraient concernées".

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"Trop, c’est trop !" Apolitique, l’Union des familles d’Europe a décidé de frapper fort. Dans un communiqué, elle annonce ainsi sa volonté de saisir la Cour Européenne des Droits de l’Homme et d’appuyer les recours individuels des familles lésées. Son objectif : "faire condamner la France pour discrimination". Pourquoi un tel courroux ? L’association estime, tableau Excel à l’appui, qu’une baisse du plafond du quotient familial "aura pour effet de taxer plus lourdement (encore) les contribuables qui ont des enfants par rapport à ceux qui n’en ont pas ou peu".

"Nous sommes véritablement soulagés". Face à une opposition unanimement remontée contre sa décision, le gouvernement peut au moins compter sur un soutien. "Nous sommes véritablement soulagés qu'il n'y ait pas eu cette modulation des allocations familiales, qui remettait en cause l'universalité », s’est en effet félicité François Fondard, président de l'Union nationale des allocations familiales (Unaf), lundi, sur Europe 1.

Un satisfecit, mais pas un blanc-seing, car cette décision du gouvernement est vécue comme "un moindre mal. On sait que ce sera douloureux pour les familles".  Mais s’il apporte donc un bémol à son soulagement, François Fondard a également apprécié une autre annonce du Premier ministre : "il y a un certain nombre d’autres mesures favorables, comme l’engagement de créer 100.000 places de crèches qui permettra aux familles de trouver plus facilement des modes de garde."

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L'opposition vent debout. Pour Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, "on assiste très clairement à une entreprise de démolition de ce qui a fait la grandeur de la politique familiale de notre pays." Pour ce proche de François Fillon, cette décision pourrait remettre en cause d’un des points forts de la France : sa démographie. "Nous étions le pays d’Europe qui avions le plus d’enfants par foyer. Et bien les socialistes, par leur volonté de tout détruire, s’attaquent à cela", a-t-il jugé. Valérie Pécresse, secrétaire générale déléguée de l'UMP, estime ainsi que la décision du gouvernement constitue "une rupture scandaleuse du contrat de confiance de l'Etat avec les familles".