Qui remplacera Servier à la tête de Servier ?

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Alexis Toulon , modifié à
LABO - Homme à poigne, l’ancien patron du groupe pharmaceutique laisse une entreprise orpheline.

Jacques Servier a construit un groupe pharmaceutique dont il n’a jamais perdu le contrôle. A sa mort mercredi, à l’âge de 92 ans, il était toujours le président des laboratoires Servier. Décrit comme un homme d’influence et de réseau, il a conservé les rênes de son groupe et surpris les cadres en évinçant son dauphin en octobre dernier. En février de cette année, il a présenté un nouvel homme fort : Olivier Laureau, directeur financier du groupe. Son héritier ?

Un géant construit comme une TPE. Dans le groupe Servier, il n’y a pas d’actionnaires. L’entreprise est une SARL (société à responsabilité limitée). Les parts du groupe appartiennent à une fondation, domiciliée aux Pays-Bas depuis 1998. Chez Servier, tout le monde est salarié, Jacques y compris. Les bénéfices sont investis dans la recherche. Le droit néerlandais offre toutefois une opacité qui n’existerait pas en France, notamment sur la composition du conseil qui gère la fondation. L’intérêt de cette fondation est que le groupe ne peut pas être la cible d’une offre publique d’achat (OPA) et que la disparition du patron historique ne change pas grand-chose. Reste toutefois à trouver un nouveau patron.

Mediator médicament

Jean-Philippe Seta était l'héritier tout trouvé... Former un dauphin ou choisir un héritier est une tâche complexe. En créant la fondation, Jacques Servier a, de fait, dépossédé ses filles du groupe industriel. Et aucun dauphin n’est à l’abri des décisions brutales du seul maître à bord. La preuve lors du licenciement de son second, l’héritier naturel, en octobre dernier. "Jacques Servier met fin à la collaboration de Jean-Philippe Seta avec le groupe Servier", écrivait alors le laboratoire dans un communiqué. A ce moment-là, le groupe est en pleine crise du Mediator, mais les causes évoquées sont des divergences stratégiques sur l’avenir du groupe. Mais Jean-Philippe Seta est resté proche des laboratoires en tant que conseiller. Jean-Philippe Seta était celui qui avait permis le développement international du groupe. Personne n’occupe officiellement le poste de directeur depuis lors.

Une nomination, sans intronisation, pour Olivier Laureau. Après cet épisode, en février 2014, Jacques Servier a confié à Olivier Laureau, directeur financier du groupe, la présidence du conseil de direction. Il a alors pour mission d’"assumer la coordination et la pré-validation des projets stratégiques et opérationnels, en liaison avec les directeurs concernés". Avec la structure du groupe, chacun y voit son nouveau dauphin, voire son héritier, l’homme ayant dirigé Egis, avant une filiale hongroise de Servier. Toutefois, "concernant la succession", le groupe, contacté par Europe1.fr, ne "souhaite pas faire de commentaires". Olivier Laureau devrait donc pour le moment conserver les rênes des laboratoires Servier, sans être officiellement intronisé.

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