Quand le personnel dérape à l'hôpital

Le pôle santé sécurité soins a reçu 14.000 requêtes en 2010.
Le pôle santé sécurité soins a reçu 14.000 requêtes en 2010. © MaxPPP
  • Copié
avec Emilie Denêtre , modifié à
Selon le rapport du Médiateur de la République, les violences explosent y compris à l'encontre des patients

Le rapport est édifiant. Le "pôle santé sécurité soins" ou "PSSS" de Médiateur de la République a reçu 14.000 requêtes concernant des violences verbales en milieu hospitalier, selon le bilan annuel publié mardi. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'agressivité n'est pas l'apanage des patients. Le personnel soignant dérape lui aussi de plus en plus souvent.

Illustration avec le cas de cet adolescent opéré de l'appendicite, raconte Loïc Ricour, directeur du PSSS au micro d'Europe 1. "Lors de sa visite post-opératoire, donc après l'opération, son chirurgien fera preuve d'un comportement extrêmement maltraitant à l'encontre de ce jeune patient de 14 ans. 'Pourquoi je t'ai opéré ? Tu es entouré de graisse, tu vas bientôt crever". C'est donc intolérable et inadmissible. On ne peut pas accepter ce genre de choses'.

Mais si certains dépassent les bornes, un grand nombre de soignants paient un lourd tribut à l'exercice d'une profession difficile. "C'est la violence aux urgences, c'est la décharge d'agressivité de patients et de familles qui sont dans l'immédiateté, qui veulent tout, tout de suite", rappelle Loïc Ricour.

De plus en plus de signes religieux ostentatoires

Autre phénomène, la recrudescence de signes religieux ostentatoires, notamment de la part d'étudiantes portant le voile en contravention avec une circulaire de 2005. "Cela peut être source de malaise", dit le directeur du PSSS. "Chacun va gérer son angoisse par une décharge d'agressivité", ajoute-t-il, tout en précisant que cela n'a pas généré de violences.

Il signale que le personnel soignant "doit souvent s'adapter à certains rites": retarder des soins en raison de la prière, reporter des prises de sang pour cause de Ramadan, trouver des solutions pour les patientes refusant d'être examinées par un homme. Le rapport recommande "la mise en place de référents entre les établissements de santé et les différentes obédiences".

Le numéro vert du Pôle santé sécurité soins : 0810 455 455.