Punir les garçons, ça ne sert à rien

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avec Noémie Schulz , modifié à
Selon une chercheuse, sanctionner les collégiens est contre-productif pour les notes.

Il faut arrêter de punir les garçons au collège. Voilà ce que recommande Sylvie Ayral, enseignante chercheuse et membre de l'Observatoire international de la violence à l'école, dans un livre qui paraît mercredi.

La spécialiste a épluché les registres de sanctions de cinq collèges, du plus huppé au plus populaire et a fait, à chaque fois, le même constat : pour un garçon recevoir une heure de colle ou se faire exclure, n’est pas perçu comme une punition, mais comme "une médaille de virilité".

"Pour faire rire les copains"

Devant le collège Maurice Ravel à Paris, les élèves n’ont pas de mal à reconnaître que les sanctions ne leurs font pas peur. "Les élèves s’en foutent et en plus ils vont avoir la haine envers le prof qui les a punis", confie l’un d’eux, soulignant que la bêtise est souvent faite "pour faire rire les copains". "Quand on se retrouve en colle avec nos potes, c’est vrai que c’est plutôt marrant", ajoute un de ses camarades.

Selon Sylvie Ayral, la sanction est totalement contre-productive chez les collégiens, car elle ne fait que les conforter dans leur identité masculine, basée au moment de la puberté sur la virilité. Une norme qui, selon la spécialiste, encourage chez eux tout ce qui est lié au défi, à la transgression, ou encore à la violence.

Prôner le dialogue plutôt que la punition

Alors pour rétablir l’ordre dans la classe, la chercheuse propose de trouver d’autres solutions comme par exemple, face aux insultes, prôner le dialogue. "Au lieu de sanctionner immédiatement et après ça y est, c’est fini, je crois qu’il faut déconstruire ce qui se passe", explique Sylvie Ayral, sur Europe 1. "Il faut dire stop, on arrête, qu’est-ce que tu as dit ? Pourquoi tu l’as dit ? Et prendre le temps de travailler sur ce que signifie être un garçon, sur ce que signifie être une fille", estime-t-elle.

"Au lieu de réfléchir à la tolérance zéro, il faut réfléchir à la sanction zéro" :

Un point de vue qui n’est pas forcément partagé par tous, y compris dans le corps enseignant. Pour le syndicat le Snes, la punition est un moyen de rappeler qu’il y a des règles à respecter.

La fabrique des garçons, sanctions et genre au collège, est édité chez PUF.