Procès de Villiers-le-Bel : un "dramatique accident", dit le policier

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avec AFP

Six ans après la mort de Muhsim et Lakamy, tués dans une collision entre leur moto et une voiture de police à Villiers-le-Bel, dans le Val-d'Oise, le tribunal de Pontoise a longuement décortiqué jeudi les circonstances de l'accident, lors du procès du policier qui conduisait le véhicule. "Tout s'est passé très vite", a raconté à la barre Franck Viallet, 36 ans, cheveux taillés courts, lunettes rectangulaires et veste grise. "Je les ai vus arriver par la gauche... Je n'ai rien pu faire", a ajouté le fonctionnaire, jugé en correctionnelle pour homicides involontaires.

Accusé de n'avoir pas respecté la limitation de vitesse, Franck Viallet, qui se trouvait avec trois de ses collègues à bord du véhicule, est revenu dans le détail sur le contexte de la collision, qui avait entraîné de violentes émeutes dans la ville. "J'avais l'impression de rouler à une allure normale. Je pensais rouler entre 40 et 50 km/h", a assuré d'une voix calme et précise M. Viallet, devant de nombreux proches des deux adolescents, mais aussi des policiers en civil venus le soutenir.

"Nous n'étions pas en intervention"

Selon le rapport d'expertise, le véhicule de police roulait à 59 km/h juste avant l'accident et à 64 km/h au moment du choc, au lieu des 50 km/h autorisés en ville. Il circulait sans gyrophare ni avertisseur. Les deux adolescents roulaient de leur côté sur une moto qui n'était pas destinée à la route, dépourvue de freins et d'éclairage, à une vitesse supérieure à la limite autorisée. Ils ne portaient par ailleurs pas de casque et n'avaient pas respecté une priorité à droite. Une situation complexe qui a obligé jeudi le tribunal à examiner dans le détail les trajectoires des véhicules et leur impact, pour tenter d'établir les responsabilités des différentes parties dans l'accident.

Pourquoi n'avoir pas mis de gyrophare ni d'avertisseur, comme l'exige la loi en cas d'intervention nécessitant de s'affranchir des règles du code de la route? "Nous n'étions pas sur une mission d'urgence. Nous n'étions pas en intervention", assure le policier. Pourquoi avoir accéléré, en arrivant au carrefour? "Je ne sais pas. J'ai dû le faire sans m'en rendre compte, car ce n'était pas mon intention", avoue Franck Viallet, qui dit ne pas se souvenir de tous les éléments de ce "dramatique accident".