Procès Chirac : un "procès en sorcellerie"

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Marie-Laure Combes, en direct du tribunal correctionnel , modifié à
Europe1.fr vous a fait suivre le début des plaidoiries de la défense au procès des emplois dits fictifs.

Après les plaidoiries des parties civiles et les réquisitions du parquet, l'heure est désormais aux plaidoiries de la défense dans le procès des emplois présumés fictifs de la mairie de Paris. Les avocats de Jean De Gaulle, François Musso, François Debré et Pierre Boué ont commencé mercredi à se succéder à la barre.

15h41 : Les débats sont terminés. Ils reprendront jeudi avec la suite des plaidoiries de la défense.

15h40 : L'ombre du général De Gaulle. "Je défends un homme qui m'a dit, la première fois qu'il est rentré dans mon bureau 'Il n'y a pas que mon honneur qui est en jeu, il y a aussi celui de mon grand-père'", raconte Me Chabert. "Il tenait à être présent tout au long du procès, même quand cela ne le concernait pas. Il s'est mis en disponibilité de la Cour des comptes pendant trois semaines parce qu'il n'imaginait pas avoir des fonctions alors qu'il ne travaillait pas", dit encore l'avocat de Jean De Gaulle.

15h34 : Me Chabert lit trois courriers envoyés par Jean De Gaulle à des Parisiens qui lui avaient demandé un service. Les deux premiers à des femmes qui lui demandaient de l'aide pour obtenir un logement, signés "Jean De Gaulle, député de Paris, vice-président de l'Assemblée nationale". La troisième est exactement la même, pour un cas similaire, mais signée "Jean De Gaulle, député de Paris, vice-président de l'Assemblée nationale, conseiller de Paris". "Alors les deux premières lettres sont condamnables pénalement et pas la dernière ?", demande Me Chabert.

15h12 : "La mission de Jean De Gaulle profitait-elle à la Ville de Paris ?", demande encore Me Chabert. "Personne ne peut dire qu'une vision géopolitique internationale est contraire aux intérêts d'une ville comme Paris", répond-il.

"A Paris, la ville et le département, c'est la même chose. Et ça ne rend pas les choses très faciles pour les Parisiens", assure Me Chabert. "Pour les Parisiens, Jean De Gaulle était député du 12ème arrondissement. Mais pour être précis, il était élu de la 8ème circonscription. Mais qui le sait ?", demande l'avocat.

14h54 : "Jean De Gaulle avait-il connaissance d'une infraction ?" "Jean De Gaulle avait-il connaissance du fait que ces chargés de mission lui avaient été attribués en raison de la commission d'une infraction ? Jean De Gaulle vous dit non", lance Me Chabert, en s'appuyant sur deux articles de l'ancien et du nouveau code pénal concernant le recel. "Et qui d'autre s'est levé en disant qu'il n'y avait pas d'infraction ? C'est le parquet !", poursuit-il. Me Chabert poursuit sa démonstration en examinant les termes du code pénal sur le détournement de fonds publics.

"Je n'ai pas peur des faits prescrits", dit Me Chabert, après avoir dénoncé que l'ordonnance de renvoi, concernant son client, mentionne quatre contrats de chargés de mission alors que Jean De Gaulle n'est poursuivi que pour deux cas. "Mais la suspicion, c'est ce qu'il y a de pire même lorsque les faits sont prescrits", poursuit-il. Me Chabert cite encore une tribune parue dans Le Figaro et signée de "Jean De Gaulle, conseiller aux affaires africaines de Jacques Chirac".

14h40 : L'audience est reprise et la parole est à la défense de Jean De Gaulle. "Quel étrange procès auquel nous assistons depuis deux semaines. Avec l'ombre d'un président, qui n'est pas là. Sa chaise est vide. Mais nous l'entendons à travers la voix de ses avocats", commence Me Benoît Chabert. "D'habitude, nous devons contredire le parquet. Mais là, ça ne sera pas le cas", dit-il encore. "Dans ce dossier, on lit que c'est l'incertitude qui permet d'appuyer les charges. Mais dans quelle justice sommes-nous ?", lance-t-il.

"Il n'y a rien en droit qui a été démontré par la partie civile", assure Me Chabert. "Vous vous seriez appelé Chabert, mon cher Jean, cela aurait été plus facile. Mais il y a des liens qui font qu'inévitablement, mon cher Jean, vous êtes chargé d'une culpabilité", lance l'avocat à son client, assis sur le banc des prévenus, quelques rangs devant lui.

14h29 : L'audience est suspendue cinq minutes à la demande de la défense de Jean De Gaulle.

14h05 : "Un procès en sorcellerie." "Pour accomplir ces travaux confiés à François Musso, il avait besoin d'une aide matérielle. D'un bureau, situé boulevard Saint-Germain. Autre exigence de François Musso, il avait besoin d'un secrétariat pour prendre les rendez-vous, taper le rapport, aller chercher des documents à droit à gauche", explique l'avocat. Sur les conditions d'embauche de Françoise Garnier, l'avocat de François Musso assure que son client n'a fait que la recommander. "On lui reproche de ne pas avoir contrôlé le travail de Mme Garnier, une fois le rapport rédigé. Mais François Musso n'est pas son employeur ni son supérieur hiérarchique. Il ne l'a pas fait parce qu'il n'avait pas à le faire", affirme l'avocat qui dénonce "un procès en sorcellerie".

"Etait-il anormal que François Musso bénéficie d'un secrétariat ?", demande son avocat. "En quoi, l'emploi de Mme Garnier constitue un détournement de fonds publics ? Sa mission a bénéficié à la Ville de Paris. Qu'elle se soit ensuite retrouvée dans un bureau du boulevard Saint-Germain à ne rien faire n'est pas du fait de François Musso", plaide l'avocat. "Je ne vois pas comment on pourrait dire que François Musso serait le receleur d'un détournement de fonds publics", conclut-il.

13h54 : L'avocat de François Musso prend la parole. "La tache sera assez aisée de vous convaincre de l'innocence de François Musso", commence-t-il. "Le parquet a pris une position très claire. Il a requis la relaxe. Dire qu'il soutiendrait de telles réquisitions parce qu'il serait aux ordres du pouvoir, n'est pas possible. Si ces magistrats ont soutenu la relaxe, c'est en leur âme et conscience", lance l'avocat.

"François Musso n'a jamais été condamné et aspirait à une retraite paisible", poursuit l'avocat, revenant au cas de son client. "Mr Musso était un élu local et il a participé à l'élection de Jacques Chirac à travers une association qui avait son siège à Ajaccio, pas boulevard Saint-Germain à Paris. L'activité politique locale de François Musso ne nécessitait pas un bureau à Paris", assure-t-il.

13h40 : La parole est à l'avocat de Pierre Boué. "Mon client est dans un cas un peu atypique", dit Me Philippe Blanchetier. "Ce n'est pas son recrutement qui est en cause", poursuit l'avocat. "Il est recruté en raison de ses connaissances. Le magistrat instructeur convient de l'effectivité du travail de Pierre Boué jusqu'en 1990. Vous n'attendrez pas que l'avocat de Pierre Boué vienne contredire le magistrat instructeur", dit Me Blanchetier. "Mais en 1990, sa situation bascule dans l'irrégularité, je n'irai pas jusqu'à dire l'illégalité", poursuit-il. "Vous êtes en face d'un système", assure Me Blanchetier.

L'avocat de Pierre Boué rappelle que la partie civile a assuré que les chargés de mission poursuivis avaient oeuvré pour l'élection de Jacques Chirac en 1995. "Mon client n'a pas concouru à ce sombre dessein", lance Me Blanchetier. "J'ai la conviction que votre main ne tremblera pas lorsqu'il s'agira de prononcer la relaxe de Pierre Boué", conclut-il.

13h38 : Jean-Claude Mestre gagnait beaucoup moins à la Mairie de Paris. Me Natali fait également remarquer, chiffres à l'appui, que son client gagnait beaucoup moins en tant que chargé de mission de la Ville de Paris que comme inspecteur général des impôts. Ce qui montre que Jean-Claude Mestre ne s'est pas enrichi par son travail. 

13h36 : L'audience est ouverte. Le président du tribunal, Dominique Pauthe, donne la parole à l'avocat de Jean-Claude Mestre, Me Jean-Marc Natali. L'avocat commence sa plaidoirie par une remarque sur le transfert du tribunal de Paris dans d'autres locaux. Selon lui, un rapport note qu'environ 10% des fonctionnaires qui y travaillent n'ont pas de ligne téléphonique fixe. "Ont-ils pour autant des emplois fictifs ?", demande, narquois, Me Natali.