Prisons : quatre semaines de mobilisation

Les surveillants souffrent avant tout d'"un manque de personnel".
Les surveillants souffrent avant tout d'"un manque de personnel". © MAXPPP
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AlW avec agences, et Nathalie Chevance , modifié à
Depuis le 4 avril, les surveillants pénitentiaires dénoncent le manque de personnel.

Avec 67.161 détenus, la population carcérale a atteint un pic record le 1er avril dernier. En pleine campagne électorale, l'annonce a immédiatement indigné les syndicats pénitentiaires FO et CGT. Depuis, à leur appel, les surveillants se mobilisent pour demander une amélioration de leurs conditions de travail dégradées, selon eux, par la surpopulation carcérale.

"Peser sur la présidentielle"

Pourquoi maintenant ? Des surveillants pénitentiaires ont poursuivi mercredi, pour la quatrième semaine consécutive, leur mouvement national de protestation. Ce dernier a débuté le 4 avril à l'appel de FO et de la CGT. Le syndicat majoritaire, l'Ufap-Unsa, ne participe pas à ce mouvement de protestation. Le calendrier n'a pas été choisi au hasard : les syndicats n'ont pas caché vouloir peser sur la présidentielle.

Que réclament-ils ? Pour FO et la CGT, les surveillants souffrent avant tout d'"un manque de personnel". A Marseille, par exemple, à la maison d'arrêt des Baumettes, où plus de 1600 détenus s'entassent pour 1.300 places, on dénombre 550 surveillants alors que l'établissement vieillissant en nécessiterait 700. En plus des recrutements, les surveillants réclament un meilleur statut et une augmentation de leur rémunération. Les deux syndicats mettent aussi en cause la façon dont sont conçues les nouvelles prisons, en partenariat avec des groupes privés.

Barricades et distribution de tracts

Le mouvement est-il suivi ? C'est la quatrième semaine de mobilisation. Sur tout le territoire français, des prisons sont touchées. Deux jours par semaine, devant certains établissements, des manifestants dressent des barricades de pneus et palettes de bois enflammés pour empêcher les extractions de détenus. Ils distribuent des tracts, interpellent les candidats à la présidentielle ou campent devant les prisons. Jeudi dernier à Lille, une cinquantaine de surveillants ont aussi occupé pendant près de six heures la Direction interrégionale des services pénitentiaires. A Marseille, ce mercredi, ce sont les accès de la maison d'arrêt des Baumettes qui ont été bloqués à partir de 6 heures 30 par une trentaine de surveillants. A la maison d'arrêt de Saint-Martin de Ré, en Charente-Maritime, ils ont préféré organiser une distribution de tracts devant le tribunal de grande instance de La Rochelle.

"Mutisme" du Garde des Sceaux

Comment réagit le ministère de la Justice ? Le "mutisme" du Garde des Sceaux Michel Mercier est déploré par FO-Pénitentiaire. Le ton est monté la semaine dernière : dans un communiqué, FO-Pénitentiaire s'est dit "scandalisé" par une communication de Michel Mercier. Selon le syndicat, le ministre serait revenu en conseil des ministres sur la promesse d'ouvrir des négociations sur "le statutaire et l'indemnitaire". Interrogée, la Chancellerie a assuré que ces points seraient bien évoqués par les "groupes de travail" en place depuis fin mars.

Une loi prévoyant la création d'environ 20.000 places de prison supplémentaires dans les cinq ans, pour porter leur nombre à 80.000 à la fin 2017, a été votée à la fin février. Cette loi est cependant très critiquée par l'opposition, ainsi que par divers syndicats et associations, qui considèrent que la politique du "tout carcéral", qu'ils dénoncent, ne règlera pas le problème de la délinquance et de la récidive.