Pourquoi le prix des œufs explose ?

6,1 millions de poules pondeuses françaises seront encore dans des cages "non aménagées" ou "conventionnelles".
6,1 millions de poules pondeuses françaises seront encore dans des cages "non aménagées" ou "conventionnelles". © REUTERS
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La production s'est raréfiée en raison des nouvelles normes européennes instaurée le 1er janvier.

Le prix des œufs a plus que doublé en un an. A l'origine de cette flambée des prix, la mise aux normes européennes des cages des poules pondeuses. Depuis le 1er janvier 2012, une directive européenne impose en effet aux éleveurs une surface minimale dans les élevages. Sauf que ces derniers accusent un certain retard. Résultat : la production européenne d'œufs est largement inférieure aux besoins.

Europe1.fr résume les enjeux de cette augmentation du prix des œufs.

Quelle est l'augmentation moyenne du prix des œufs ? Depuis la fin de l'année 2011, le prix des oeufs affiche une très forte croissance. En janvier 2012, par rapport à la même période de l'année précédente, les prix ont grimpé de 106%, en février de 133% et en mars de 119%.

"Aujourd'hui, les 100 œufs cotent 9,5 euros sur le marché spot, c'est-à-dire le marché au jour le jour. Il y a un an, ils valaient 4,62 euros", indique au Figaro Christian Marinov, directeur de la Confédération française de l'aviculture (CFA).

Qu'impose la directive européenne ?La directive européenne 1999/74/CE, adoptée en 1999 par près de treize pays membres de l'UE, oblique tous les éleveurs à élever les poules soit en plein air, soit dans des cages dites "aménagées". C'est-à-dire, équipées de perchoirs, de nids et de bacs à poussière.

Pour les poules élevées en plein air, l'espace au sol disponible doit passer de 550 cm² à 750 cm². Quant aux poules élevées en batterie, l'espace supplémentaire représente l'équivalent de la surface d'une carte postale.

Combien d'éleveurs ne respectent pas ces normes ? Selon un rapport projectif de la Commission européenne, rendu public en janvier, 6,1 millions de poules pondeuses françaises sur 43 millions au total, sont encore dans des cages "non aménagées" ou "conventionnelles". Quelque 51 millions de poules pondeuses ne bénéficient pas de cet environnement dans l'ensemble de Union européenne.

Quelle conséquence sur le commerce des œufs en Europe ? Tous les œufs produits dans des élevages qui ne respectent pas la nouvelle législation ne peuvent plus être commercialisés à l'exportation, ni vendus au détail. La production européenne d'œufs devrait être inférieure de 20% aux besoins d'ici au mois de juin.

Y-a-t-il des répercutions sur d'autres produits ? Les producteurs de biscuits ont été contraints d'augmenter leurs prix. "Demain, ça va augmenter de 10 à 15%", reconnaît Jean Colin, directeur d'une biscuiterie bretonne. Certains produits devraient être plus concernés que d'autres : "les quatre-quarts et les madeleines sont beaucoup plus utilisateurs d'œufs et vont donc voir leurs prix augmenter de façon plus conséquentes", prévient le directeur de l'usine au micro d'Europe1.

Mais certains fabricants de pâtes alimentaires ou de pâtisseries industrielles ont accepté de ne pas augmenter leur prix pour l'instant. "Pour le consommateur la répercussion est limitée, une augmentation de l'ordre de 2 à 3 % sur le prix de vente" est à prévoir, précise Christian Marinov, directeur de la Confédération française de l'aviculture.

Un retour à la normale bientôt ? La raréfaction de la production de la France, leader européen avec 15 milliards d'œufs consommés annuellement, devrait durer jusqu'à juillet. "Nous allons retourner à la normale d'ici juillet prochain quand les élevages seront tous conformes. Les cours sur le marché spot devraient nettement redescendre", assure Christian Marinov.