Pourquoi le climat s’affole-t-il ?

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Inondations en Chine, en Inde et au Pakistan, sécheresse en Russie : un spécialiste décrypte le phénomène.

Non, ce n’est pas la faute au réchauffement climatique. Les événements météorologiques, particulièrement violents, de ces dernières semaines ne peuvent être directement imputés à la hausse des températures, mais trouve leur explication dans des conditions météo très particulière cette année, selon Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo France, interrogé par Europe1.fr.

Après el Niño, la Niña

"C’est une année exceptionnelle", explique le prévisionniste. "On a battu des records de pluviométrie et cela à cause du phénomène la Niña, à l’origine de la mousson", analyse-t-il.

Pendant les mois les plus chauds, les eaux, à l’ouest de l’océan pacifique, se réchauffent, tandis qu’à l’est, elles se refroidissent et provoquent un supplément d’énergie qui alimente les dépressions orageuses. "Sauf que cette année, la différence de température a été plus importante que les années précédentes", explique Etienne Kapikian. Les dépressions ont donc été plus importantes.

Outre ce supplément d’énergie causé par la Niña, les spécialistes ont observé une remontée des pluies tropicales vers le Nord plus importante que d’habitude. L’été, la zone de convergence intertropicale (qui forme une ceinture au niveau de l’équateur), remonte, normalement, au niveau de l’Afrique de l’Ouest. "Mais cette année, la ceinture est remontée plus haut, jusqu’au Pakistan", analyse le spécialiste.

Circulation atmosphérique stationnaire

Autre explication aux phénomènes climatiques de cet été, une circulation atmosphérique à l’arrêt. "D’habitude, le climat alterne entre dépressions et anticyclones", détaille Etienne Kapikian, "mais cette année, la circulation atmosphérique est stationnaire". En d’autres termes, depuis deux mois, rien ne bouge. Il pleut aux mêmes endroits et il fait chaud aux mêmes endroits. Résultats : des zones sont inondées par la pluie et des zones sont victimes de la sécheresse, comme la Russie.

"Les phénomènes de ces dernières semaines ne peuvent donc pas être liés directement au phénomène de réchauffement climatique", ajoute le spécialiste, "ils sont causés, notamment, par des phénomènes de stagnation anticyclonique. Mais s’agit aussi du hasard du climat".

Si la météo capricieuse de ces dernières semaines n’a pas de lien direct avec le réchauffement de la planète, Etienne Kapikian ne nie toutefois pas la tendance. Les canicules seront plus fréquentes et plus intenses dans les années à venir. "Selon nos prévisions, d’ici à 2060 nous aurons une canicule, comme en 2003, un été sur deux", confie le prévisionniste. La température moyenne sur Terre au cours du premier semestre de l’année 2010 a été la plus élevée jamais mesurée.