Pour que les sourds communiquent

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Jérémie Boroy, président de l’UNISDA, a salué le plan pour l'intégration des sourds.

Communiquer, téléphoner, s’informer, quand ils le veulent, comme ils le veulent. C’est le souhait de tous les sourds et des personnes malentendantes. Pour Jérémie Boroy, le président de l’Union Nationale pour l'Insertion Sociale du Déficient Auditif, le lancement mercredi d’un plan pour l'intégration des sourds va permettre de faire un pas important.

Entre 4 et 6 millions de personnes souffrent de problèmes d'audition en France. La loi du 11 février 2005 rend notamment obligatoire l'accessibilité aux handicapés des bâtiments et transports d'ici 2015.

Voici la transcription intégrale de son interview, vendredi matin, au micro de Benjamin Petrover, sur Europe 1 :

Cinq ans après la loi handicap, l'intégration des sourds et malentendants connaît un nouveau souffle : l'annonce d'un plan handicap auditif de 52 millions d'euros et un certain nombre de mesures : dépistage systématique de la surdité, mise en place d'un système pour pouvoir appeler les services d'urgence ou encore une meilleure adaptation du système de scolarisation pour les enfants malentendants...Bonjour Jérémie Boroy...

Jérémie Boroy : Bonjour

Benjamin Petrover : Merci d'être avec nous ce matin sur Europe 1. Vous êtes le président de l'Unisda. C'est l'Union Nationale pour l'Insertion Sociale des Déficients Auditifs. Et je le précise pour nos auditeurs, comme vous êtes malentendant, vous lisez sur mes lèvres (JB: Tout à fait) pour bien comprendre l'interview. Une cinquantaine de mesures ont été annoncées parmi ce plan :laquelle était d'après vous la plus urgente ?

JB: La plus urgente concernait l'accès aux services d'urgence, justement, puisque aujourd'hui en France les sourds ne peuvent pas appeler les pompiers, la police ou le Samu. Donc il était vraiment urgent que l'on puisse mettre en œuvre la loi qui le prévoyait déjà depuis cinq ans. Donc ce centre d'appel qui permettra, je l'espère bientôt, aux sourds de contacter les services de secours.

BP: Et comment ca va se passer concrètement?

JB: Le but, c'est que les personnes, quelque soit leur mode de communication - en langue des signes, oralement ou avec un clavier - puissent contacter un service avec un numéro simple à retenir, pour qu'ils puissent être mis en relation avec le service de secours localisé.

BP: Question peut-être un petit peu bête, mais si vous êtes malentendants et si vous appelez les secours, comment pouvez vous comprendre leur réponse?

JB: alors justement, le but du centre de relais sera, via un ordinateur, d'avoir une réponse soit par un interprète en langue de signes - en vidéo - soit par quelqu'un qui vous tape la réponse du centre de secours en direct.

BP: D'accord. Donc ça c'est une des avancées importantes pour vous. Il y en a aussi d'autres. Notamment le système de sous-titrages pour ce qui est notamment des programmes télévisés. Les chaînes hertziennes avaient cinq ans pour se mettre en conformité. C'est maintenant le cas. Pour vous c'est une grande avancée aujourd'hui?

JB: C'est énorme! On a vraiment changé d'époque. Parce qu'on vient de très loin. Aujourd'hui les sourds ont le choix. Ils peuvent choisir la chaîne qu'ils veulent regarder. Et quasiment à toute heure de la journée, il y a un programme qui est sous-titré. Donc là on a vraiment bien avancé. Il y a encore beaucoup de choses à faire pour que le sous-titrage, notamment des programmes diffusés en direct, soit de bonne qualité. Ce n'est pas toujours le cas. Et aussi que l'on puisse développer l'accessibilité en langue des signes puisqu'il y a des sourds dont c'est le mode de communication privilégié.

BP: Vous parlez des programmes d'information. Depuis 24h, d'ailleurs, les chaînes infos - iTélé, BFMTV - s'y sont mis aussi...

JB: Ça c'est super (BP: vous êtes content...) Très content. J'attends que les chaînes publiques, justement qui auraient dû montrer l'exemple, maintenant essaient de rattraper le retard et le but c'est que très vite, par exemple le 19-20 de France 3, soit aussi traduit en langue des signes pour que tout le monde puisse partager en famille, à la maison, donc les journaux d'information.

BP: Mis à part ce sous-titrage. S’il y a aujourd'hui une mesure que vous trouvez urgente et qui n'est pas encore sur le tapis, ce serait quoi?

JB: C'est la mise en accessibilité des relations téléphoniques. Au delà des services d'urgence, il faut que les personnes sourdes ou malentendantes, quelque soit leur mode de communication, puissent téléphoner à n’importe qui ou être contactées aussi par n’importe qui. Pour leur vie sociale, leur vie personnelle, leur vie professionnelle. Donc là, c'est le but des centres de relais téléphonique qu'on souhaite voir développer en France rapidement.

BP: Question peut-être un saugrenue: on est à Europe 1, vous, vous faîtes comment pour écouter la radio?

JB: J'écoute pas la radio. Je suis désolé.

BP: Et vous aimeriez qu'il y ait un système pour pouvoir écouter la radio?

JB: Tout à fait. L'idéal ce serait que, par exemple, sur le site internet d'Europe 1, on puisse trouver tout en temps réel. Soit rapidement la transcription écrite des émissions, notamment la vôtre, voire aussi des journaux, en langues de signes, qui sont rattachés à votre antenne. Et éventuellement, en recrutant directement des journalistes sourds!

BP: Merci Jérémier Boroy. Et justement, vous pouvez retrouver l'intégralité de cette interview scriptée sur Europe1.fr dés maintenant.

- Que faudrait-il faire de plus pour faciliter la vie des sourds et malentendants ?