Paris truqués : l’expertise hors-jeu

Nikola Karabatic sous le maillot de Montpellier, la saison dernière.
Nikola Karabatic sous le maillot de Montpellier, la saison dernière. © REUTERS
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Frédéric Frangeul avec Pierre de Cossette et agences , modifié à
La justice a annulé mardi le rapport d'experts sur le comportement des handballeurs montpelliérains.

L’INFO. Le rapport "accablant" a finalement fait pschittt. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier a annulé mardi le rapport de l'expert comportementaliste Pierre Sallet dans la procédure sur les soupçons de match truqué de handball entre Cesson et Montpellier en mai 2012. En cause : des fautes de procédures. D’une part, l’expert n’est pas agréé par la justice. D’autre part, il s’est appuyé dans son rapport sur la ligue nationale de handball, elle-même partie civile dans cette affaire. Dans cette dossier, seize personnes sont mises en examen, dont huit joueurs de Montpellier.

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L’expert avait pointé des "carences volontaires". En cinquante pages de statistiques sur le match Cesson-Sévigné-Montpellier et à l’aide de comparaison avec des centaines d'autres matches de handball, Pierre Sallet s’était pourtant attaché à passer le jeu au peigne fin, étudiant à la loupe les pertes de balles, les tirs manqués et les arrêts du gardien. Il avait conclu à "des carences volontaires du niveau de jeu", sauf de la part du capitaine Michaël Guigou, mettant notamment en cause la performance du gardien de but, Mickaël Robin (35% de tirs arrêtés).

Les avocats de la défense se frottent les mains. "Ce rapport a servi à constituer le délit reproché aux joueurs. Maintenant il n'existe plus. Le rapport disparaît, l'infraction disparaît. On en revient donc aux simples paris qui, eux, ont été déjà sanctionnés", a commenté Me Luc Abratkiewicz, conseil de Mladen Bojinovic, un des joueurs mis en cause, relevant que la chambre "stigmatise à la fois la saisie mais aussi le fonctionnement de l'expert". De son côté, l’un des avocats de Nikola Karabatic évoque un "rapport de charlatan" ponctué de "déductions hasardeuses, dont le juge n’a jamais voulu leur communiquer le prix.

Des suspicions, pas des preuves. Avec l’annulation de l’expertise, c’est un pan important du dossier d’accusation qui s’effondre. Il ne reste plus désormais aux enquêteurs et aux juges que quelques indices troublants, à l’image des 88.000 euros pariés en quelques minutes, sur le score à la mi-temps (15-12) du match. Un montant cinquante fois plus élevé que la normale et qui ne doit, selon eux, rien au hasard. Pour les avocats des joueurs en revanche, ces éléments conduisent à des suspicions mais ne constituent pas des preuves. Dans ces conditions, les avocats  doutent que les juges prendront le risque de renvoyer les handballeurs devant un tribunal.

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