PIP : alerte dès 1996 aux Etats-Unis

L'entreprise PIP était dans le collimateur aux Etats-Unis dès 1996.
L'entreprise PIP était dans le collimateur aux Etats-Unis dès 1996. © REUTERS
  • Copié
avec agences , modifié à
Les prothèses mammaires PIP ont fait l’objet de nombreuses plaintes outre-Atlantique.

La société PIP était dans le collimateur dès 1996. L’entreprise de fabrication d’implants mammaires, implantée à la Seyne-sur-Mer dans le Var et liquidée en 2010, était enregistrée aux États-Unis sous le nom d’Heritage Worldwide. Les prothèses, aujourd’hui au cœur d’un scandale français, ont fait l’objet de nombreuses plaintes outre-Atlantique, où elles ont été commercialisées jusqu’en 2000. Des dizaines de plaintes ont ainsi été déposées pour dénoncer des impayés ou des ruptures de contrat, entre 1996 et 2009.

Cinq membres d’une même famille de Floride ont notamment déposé trois plaintes, entre 1999 et 2003, visant non seulement PIP et ses filiales américaines, mais aussi l’ex-patron de la société, Jean-Claude Mas. Affirmant être "des actionnaires de PIP/USA Inc., un distributeur de PIP", ils reprochent des "comportements fautifs présumés" à l’entreprise et réclament des dommages et intérêts.

Un avertissement de la FDA

Mais les prothèses elles-mêmes ont aussi déjà posé problème. A partir de 2003, notamment dans l’Illinois et au Texas, des utilisatrices de ces implants mammaires ont porté plainte. En cause : une marchandise défectueuse, inappropriée pour l’utilisation qui en a été faite, ou encore des infractions aux législations locales de la consommation. Aucune de ces plaintes n’avait fait l’objet d’un procès début 2009 et la majorité d’entre elles ont été déboutées, parfois pour des questions de forme. D’autres ont été classées après le dépôt de bilan de PIP en 2009.

Preuve que les autorités américaines se méfiaient de PIP, un enquêteur de la Food and Drug Administration (FDA) a été dépêché à l’usine de la Seyne-sur-Mer, peu après que l’entreprise a cessé de vendre ses implants aux Etats-Unis. L’inspecteur américain a ensuite envoyé une lettre d’avertissement à Jean-Claude Mas. Dans ce courrier daté du 22 juin 2000, il relève au moins onze écarts par rapport aux bonnes pratiques de fabrication et reproche à PIP de ne pas avoir enquêté sur un problème de dégonflement de ses implants salins.

L’affaire étouffée en France ?

Côté français, l’avocat Philippe Courtois, qui défend quelque 1.300 plaignantes françaises, affirme que l’entreprise PIP savait que ses produits étaient défectueux. Selon lui, la société était au courant des problèmes causés par les fuites de gel de silicone dès 2007.

Et PIP aurait tenté d’étouffer l’affaire en traitant "directement avec les femmes porteuses de ses prothèses en 2007-2008 et cela aussi bien en France qu'en Grande-Bretagne", a expliqué l'avocat, qui a eu accès au dossier. D’après lui, "PIP aurait ainsi proposé 1.500 euros et une paire de prothèses à des femmes non satisfaites", un moyen d’éviter que l’information remonte aux cliniques et aux autorités de santé. Samedi, la Caisse nationale d’assurance maladie a finalement annoncé son intention de porter plainte dans l’affaire PIP.