Ouattara salue le rôle de la France

La force Licorne, qui a atteint 2.000 soldats pendant la crise de 2010, n'en comptera plus à terme que 250 à 300.
La force Licorne, qui a atteint 2.000 soldats pendant la crise de 2010, n'en comptera plus à terme que 250 à 300. © Reuters
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avec François Clauss , modifié à
Nicolas Sarkozy veut encourager la réconciliation ivoirienne via ce nouvel accord militaire.

Un an après son élection contestée face à son prédécesseur Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, le président de Côte d'Ivoire a été reçu jeudi par Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Le président français a renouvelé le soutien total de la France à son effort de reconstruction et surtout de réconciliation en Côte d'Ivoire, concrétisé par la signature d'un nouvel accord de défense.

"C'est un grand plaisir de recevoir enfin, après tant d'années, un président démocratiquement élu de la Côte d'Ivoire", s'est exclamé le président français devant la presse, "pendant dix ans les Ivoiriens ont été privés d'élections et nous avons été heureux, sous mandat de l'ONU, d'aider à rétablir la paix civile". De son côté, Alassane Ouattara a tenu à remercier la France : "nous avons été comblés par les tous les efforts qui ont été faits par la communauté internationale et en particulier la France (...) pour soutenir le choix du peuple ivoirien".

De 2.000 soldats français à 250 ou 300

Lors de cette rencontre, les deux chefs d'Etat ont signé un traité de défense rénové qui revisite les liens militaires entre Paris et son ex-colonie, notamment le statut des troupes françaises en Côte d'Ivoire. La force Licorne, qui a atteint 2.000 soldats pendant la crise de 2010, n'en comptera plus à terme que 250 à 300 chargés exclusivement de la formation des nouvelles forces de sécurité ivoiriennes, malgré la volonté affichée des nouvelles autorités ivoiriennes d'en conserver plus.

"C'est un accord qui montre que la France est aux côtés de la Côte d'Ivoire dans sa quête de sécurité (et) que l'armée française n'a pas vocation à s'ingérer, ni de près, ni de loi dans les affaires de la Côte d'Ivoire", a précisé Nicolas Sarkozy, qui a affiché dès 2007 sa volonté de mettre un terme au rôle très critiqué de "gendarme de l'Afrique" de la France.

Un climat mouvementé hors de l'Elysée

La visite du nouveau président ivoirien s'est déroulée dans un climat un peu mouvementé. Quelques heures plus tôt, des associations d'ivoiriens en France avaient appelé à manifester pour protester contre l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara. Ils dénoncent une élection politiquement et militairement manipulée par la France. "Alassane Ouattara, c'est le diable. La France a joué un très mauvais rôle et a fait un mauvais travail", a lancé un porte-parole de l'une des associations de soutien à Laurent Gbagbo, au micro d'Europe1.

En Côte d'Ivoire, si la sécurité a été rétablie dans l'essentiel du territoire ivoirien, la situation reste aussi tendue. A Abidjan, le week-end dernier, un homme est mort lors d'un meeting de partisans de Laurent Gbagbo. La France, qui veut faire d'une Côte d'Ivoire démocratique la vitrine de sa nouvelle politique africaine, reste vigilante. "La situation est meilleure qu'il y a quelques mois, mais le processus sera de longue haleine et suppose la mise à l'écart de certaines personnes", relève l'Elysée en pointant du doigt certains des soutiens militaires du nouveau pouvoir.

Un appel aux investisseurs français

Enfin, le président ivoirien a profité de sa venue pour lancer "un appel aux opérateurs privés français à revenir" dans son pays qui doit enregistrer cette année un taux de croissance de 8 à 9%".

Alassane Ouattara a aussi sollicité l'aide de la France pour que le Fonds monétaire international (FMI) octroie à son pays "dès le premier trimestre" 2012 le statut de pays pauvre très endetté, synonyme d'allègement de sa dette. Message reçu par Nicolas Sarkozy qui a jugé que la Côte d'Ivoire avait besoin "dès maintenant qu'on puisse l'aider à repartir de l'avant".