Où en est l'insécurité à Marseille ?

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et Alain Acco , modifié à
ZOOM - Si les règlements de comptes restent nombreux, l'insécurité a baissé dernièrement.

Y-a-t-il une augmentation de l'insécurité à Marseille ? Si le sentiment d'insécurité augmente auprès des habitants, les statistiques montrent pourtant qu'elle recule. Ce paradoxe, propre à la Cité phocéenne, est en grande partie lié à la multiplication des règlements de comptes à la Kalachnikov depuis le début de l'année.

Une baisse des vols à main armée

Sur cette même période, la ville de Marseille a enregistré une chute de 35% des braquages et une baisse sensible des cambriolages, des agressions physiques et vols avec violence. Une baisse qui s'applique principalement dans le centre ville, où les autorités ont déployé des moyens supplémentaire pour assurer la sécurité.

Un constat partagé par Claude Guéant, ancien ministre de l'Intérieur interrogé vendredi matin par Europe 1. "Il y avait à l'époque, lorsque Brice Hortefeux est arrivé, puis quand je lui ai succédé, une situation délicate qui a été largement redressée. Tout ce qui peut être prévenu par la police, y compris les vols à main armée, ont baissé de 30 % en l'espace d'un an. Et aujourd'hui, les Marseillais disent qu'ils se sentent beaucoup plus en sécurité à Marseille", a assuré l'ancien ministre de l'Intérieur.

50% des règlements de comptes résolus

Pour autant, la situation reste délicate dans les quartiers nord de la ville. Si des moyens humains ont été déployés, le travail des forces de police est contraint par la superficie de la ville. Marseille est en effet une ville très étendue, la superficie correspond à deux fois et demi celle de Paris, et elle dispose de cinq fois moins de policiers.

Pour Alain Gardère, préfet délégué à la sécurité, nommé il y a tout juste un an, cet effectif est suffisant par rapport à la population. Il rappelle également que 50% des règlements de comptes sont résolus par les enquêteurs. Son prédécesseur Gilles Leclair, autre policier issu de la Police judiciaire, demandait de son côté un plan Marshall pour la ville. A l'époque où il était encore en poste, il avait déclaré : "la police ne peut pas tout faire. Je ne suis ni le sauveur, ni Jésus Christ." Il avait été remercié au bout de 8 mois.

"Mener une lutte constante"

De son côté, Claude Guéant préconise de "mener une lutte constante, inlassable, lourde contre les trafics de drogue" dans les quartiers sensibles de la cité phocéenne. "Il y a un phénomène bien particulier qui est celui des règlements de comptes, du trafic de drogues et du trafic d'armes. Pour ça il faut que le rouleau compresseur de la police et de la justice continue à avancer", a-t-il commenté sur Europe 1. Dans ce sens, le gouvernement a convoqué un comité interministériel sur la situation à Marseille. Il sera consacré à l'élaboration d'un "programme d'action pour l'agglomération marseillaise" et devrait se tenir la semaine prochaine.

Avec déjà une certitude : l'armée n'interviendra pas à Marseille. La proposition de l'élue socialiste Samia Ghali a été écartée jeudi par Manuel Valls et François Hollande. Pour le président de la République, la lutte contre la criminalité relève de la police et de la justice. Un avis partagé par l'ancien ministre de l'Intérieur. "L'armée n'a aucune compétence pour conduire des opérations de police judiciaire. Et je rappelle que dans un état républicain comme le notre, il y a des institutions, la police, la justice, c'est à elles qu'il faut faire confiance", a estimé l'ancien ministre des Affaires étrangères sur Europe 1.