Ordre de dispersion pour les agriculteurs

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et avec Pascal Berthelot, Arthur Helmbacher et agences , modifié à
L'ESSENTIEL -

Le ministre des Transports avait demandé la fin des blocages. Les organisateurs obtempèrent.

Les agriculteurs sont en colère et ils avaient décidé depuis plusieurs jours de le faire savoir en organisant jeudi une journée de blocage.Une mobilisation qui a tourné au drame en début de matinée, après la mort d'un automobiliste à proximité d'un barrage.

12h, l'heure est à la dispersion. Les organisateurs des manifestations d'agriculteurs, qui bloquent certains axes routiers au sud et à l'ouest de Paris depuis jeudi matin, ont appelé à lever les barrages. Ils ont appelé les agriculteurs à lever le barrage de tracteurs dans les Yvelines (ouest) aux alentours de Trappes, tandis que les convois de la N20 et l'A6 dans le sud (Essonne) ont également pris fin.

La colère du ministre Cuvillier. "Il faut lever les barrages", avait exigé quelques heures plus tôt Frédéric Cuvillier, le ministre des Transports, jeudi matin en direct sur Europe 1. Évoquant une question de "sécurité et de "responsabilité". "Il y a un certain nombre de situations qui mettent en jeu sécurité des automobilistes, donc je demande aux organisateurs de lever ces barrages. C’est une question de responsabilité et de sécurité", avait-il martelé.

Cuvillier : "Je demande aux organisateurs de...par Europe1fr

Un mort aux abords des barrages. Le ministre des Transports a annoncé donc lui-même jeudi matin sur son compte Twitter la mort d'un automobiliste en marge des barrages. D'après les informations d'Europe 1, il s'agit d'un pompier volontaire. L'accident s'est produit dans le Val d'Oise. "Le pompier est arrivé à vive allure et a percuté le barrage filtrant de la Croix verte, avant de faire des tonneaux", rapporte Le Figaro.

Les agriculteurs ont décidé d'y lever le blocus. Damien Greffin, président de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles d'Ile-de-France, affirme néanmoins que "la responsabilité agricole n'est pas engagée" dans l'accident mortel. "Au niveau du gouvernement, on n'est pas à une pirouette près pour démonter nos actions et les décrédibiliser", a-t-il accusé.

Une enquête ouverte. Le parquet de Pontoise a ouvert une enquête après la mort d'un pompier volontaire. Cette enquête judiciaire vise à "déterminer les circonstances exactes de l'accident" et à "établir les responsabilités" des différents protagonistes dans le drame, survenu peu après 06h30 sur la Francilienne, a précisé le procureur. "Le véhicule [de la victime] a percuté l'arrière d'un camion qui s'est trouvé immobilisé par les encombrements générés par les blocages de la circulation organisés" par les agriculteurs, a détaillé la préfecture. Selon le parquet de Pontoise, le camion, un poids lourd de 19 tonnes, était à l'arrêt lors de la collision. "Il avait mis ses warnings" mais la victime "n'a pas pu s'arrêter à temps", a-t-on précisé. "A l'heure où ça s'est passé, il faisait nuit. La chaussée était mouillée et la route n'était pas éclairée", a détaillé Yves Jannier. "Habituellement, à cette heure là, la circulation est relativement fluide. La victime a peut-être été surprise" par le bouchon.

Un autre accident au même endroit. Quelques heures après l'accident mortel, un second accident similaire s'est produit au même endroit, sous les yeux de l'envoyé spécial d'Europe 1, sans faire de victime cette fois. "Ça roulait très bien, on était à 110 km/h. Et puis ça a freiné brutalement. J'ai essayé d'éviter les voitures comme j'ai pu mais du coup, je me suis pris le petit mur", a raconté la conductrice sur Europe 1.

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Les agriculteurs dénoncent la "surfiscalité" et la PAC. La mobilisation concerne les départements de l'Essonne, des Yvelines et du Val-d'Oise, les autres appelant à une autre journée de mobilisation le 29 novembre. Au départ, le blocus était conçu pour dénoncer la "surfiscalité" et l'excès de réglementations parfois contradictoires, ainsi que pour réclamer la démission du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. Mais le mot d'ordre s'est recentré contre la redistribution des aides européennes entre céréaliers et éleveurs (au profit de ces derniers) à la faveur de la nouvelle Politique agricole commune (PAC). La FDSEA est particulièrement remontée contre la disposition, défendue par la France, qui consiste à surdoter les 52 premiers hectares, pour avantager les petites exploitations.

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