Nucléaire : Fessenheim restera en activité

La centrale de Fessenheim.
La centrale de Fessenheim. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
Le chef de l'Etat a confirmé jeudi la poursuite de l’exploitation de la centrale.

Nicolas Sarkozy a assuré jeudi aux employés de Fessenheim qu'il n'entendait pas fermer leur centrale nucléaire, la plus vieille du parc français, contrairement aux intentions du candidat socialiste à la présidentielle François Hollande.
   
Tout au long d'une visite dans cette centrale alsacienne, le chef de l'Etat a déclaré aux ouvriers qui se pressaient sur son chemin qu'elle serait maintenue en activité. "On ne fermera pas cette centrale (…)  C’est une folie. Elle marche, ça donne du boulot, ça fonctionne, on en a besoin".

"Pourquoi veulent ils fermer Fessenheim ? (…) c’est pour faire de la politicaille", a dénoncé le président. Des "arrières-pensées politiciennes qui ne devraient pas être évoquées concernant l’avenir énergétique de la France", a-t-il ajouté un peu plus tard.

"S'il y avait le moindre doute, je n'aurais pas hésité à fermer la centrale"

Nicolas Sarkozy a fait valoir qu’une inspection avait déjà été faite par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). "S’il y avait le moindre doute sur la sûreté de la centrale, si les autorités indépendantes avaient pointé le moindre problème, je n’aurais pas hésité à fermer la centrale", a-t-il tenu à préciser. Mais, a-t-il rappelé, les experts "ont déclaré que le réacteur est parfaitement sûr". 700 inspections sont réalisées chaque année dans l’ensemble du parc nucléaire française, a également souligné le président.

Mis en service en 1977 pour une durée de fonctionnement initialement prévue à quarante ans, le site de Fessenheim est critiqué par les antinucléaires européens qui dénoncent son âge, les risques de séisme et d'inondation.

La ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet avait un temps évoqué le scénario d'une fermeture de Fessenheim. Mais un audit de sécurité commandé à l'Autorité de sûreté nucléaire l'a écarté en déclarant en janvier tous les réacteurs du parc français bons pour le service, moyennant des travaux de sécurité supplémentaires pour un surcoût évalué à 10 milliards d'euros. Nicolas Sarkozy confirme finalement la décision du gouvernement.

Joly : un "gaspillage de l'argent public"

Du côté de la gauche, les réactions ne se sont pas faites attendre. Dans un communiqué, François Brottes, chargé de l'énergie au sein de l'équipe de campagne de François Hollande, a dénoncé un     "déplacement déplacé", reprochant à Nicolas Sarkozy de s'être offert "une cure de jouvence artificielle, en total décalage avec la situation énergétique extrêmement préoccupante de la France, et au mépris des préoccupations des Français."  

De son côté, Eva Joly, candidate EELV à la présidentielle, a jugé que Nicolas Sarkozy avait choisi "le gaspillage de l'argent public" en décidant de poursuivre l'exploitation de la centrale nucléaire alsacienne de Fessenheim. Nicolas Sarkozy a déclaré "une nouvelle fois sa flamme aux lobbies du nucléaire. Quitte à mettre en danger les populations alentours et à s'aveugler des possibilités alternatives", écrit-elle dans un communiqué.

Pour l'eurodéputée, le président est "le candidat d'un conservatisme figé, fermant les portes à toutes les solutions d'avenir, allant même jusqu'à moquer les énergies alternatives. Le voilà donc prêt à prolonger la durée de vie d'une centrale périmée, située sur une faille sismique, à coups de milliards palliatifs". Alors que "la réalité économique, mise en lumière par le rapport de la Cour des comptes sur ce sujet, appelle à changer de politique", "le président ne se contente plus de persister dans une impasse énergétique", déplore la candidate de la sortie du nucléaire en 20 ans par le développement des énergies renouvelables.

Les anti-nucléaires reçus par un conseiller du président

Par ailleurs, une délégation représentant six associations anti-nucléaires a été reçue jeudi par un conseiller de Nicolas Sarkozy, pour lui demander de fermer le site. L'entretien s'est déroulé dans la "courtoisie républicaine", a déclaré aux journalistes Boris Ravignon, conseiller du chef de l'Etat pour le développement durable. "Chacun s'est écouté, et je rendrai compte de cette entrevue au président qui ne pouvait pas recevoir lui-même les militants, pour des raisons d'agenda".

Jean-Marie Brom, physicien et porte-parole du réseau "Sortir du nucléaire", a souligné de son côté que cette rencontre "devait avoir lieu" car "quand on vient rencontrer les 700 employés de la centrale, on ne peut pas ignorer les centaines de milliers de personnes qui s'inquiètent de Fessenheim". "Le président aurait fait preuve d'un courage politique qui ne lui appartient plus depuis très longtemps s'il avait voulu vraiment rencontrer les opposants", a-t-il raillé.