Moins de fonctionnaires, plus de dépenses

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Le non remplacement d'un départ de fonctionnaire à la retraite sur deux a coûté 361 millions d’euros.

Réduire le nombre de fonctionnaires coûte cher. Depuis 2007, le gouvernement tente de pallier le déficit budgétaire par le non-remplacement d'un départ de fonctionnaire à la retraite sur deux. En échange, il reverse aux fonctionnaires en partance la moitié des économies réalisées sous forme d'une "prime de fonction et de résultat" (PFR).

Mais le calcul fait par le gouvernement ne semble pas coller avec la réalité des faits. La masse salariale nette des fonctionnaires s'est révélée en 2009 plus importante que prévue, en raison d'un nombre moindre de départs à la retraite et du reversement de plus de primes que prévu, selon des informations de presse, qui n'ont pas été confirmées officiellement.

361 millions d’euros de plus que prévu

Selon le quotidien Les Echos, les suppressions de postes n'ont pas dépassé 25.000 en 2009. Et du "fait de moindres départs en retraite", le "taux de non-remplacement est tombé à "41% au lieu de 44%". Ces 3% de moins représentent 1.830 suppressions de postes de moins que prévu. De plus, la part des économies reversée aux fonctionnaires, "a été plus proche de 55% que de 50%", selon le journal. Ces 5% supplémentaires représentent l'équivalent du salaire de 1.250 fonctionnaires.

Au total, ces deux facteurs conjugués représentent environ 3.080 postes supprimés de moins que ce qui était prévu et la masse salariale nette des fonctionnaires a atteint 72,2 milliards d'euros en 2009, soit 361 millions de plus que prévu, affirment Les Echos. Le secrétariat d'Etat n'a pas souhaité commenter ces informations.

Un nouvel argument pour geler les salaires ?

Selon des sources syndicales, la progression de la masse salariale, en dépit d'augmentations générales limitées (+0,8% en 2009), s'explique plus par la démographie: des bataillons de baby-boomers, plus qualifiés que leurs prédécesseurs, arrivent en fin de carrière, là où le salaire est plus élevé.

La révélation de ces dépenses supplémentaires tombe en plein débat sur la négociation des salaires des fonctionnaires. Le gouvernement souhaite, en effet, leur imposer un gel des salaires pour les trois prochaines années. La nécessité de faire des économies pourrait donc peser davantage dans la balance des négociations. Les discussions vont se poursuivre dès mercredi prochain.

Négociations musclées en vue

Les syndicats de fonctionnaires ont été convoqués par le secrétariat d'Etat à la fonction publique à une nouvelle réunion de négociation salariale mercredi en fin d'après-midi. Vendredi dernier, les huit syndicats de fonctionnaires avaient claqué la porte d'une première réunion, consacrée à un bilan, le ministre du Travail, Eric Woerth, n'ayant pu confirmer la hausse générale de 0,5% prévue au 1er juillet, ni démentir un éventuel gel des salaires sur trois ans.

Les négociations ont été empoisonnées par une bataille de chiffre entre les syndicats de fonctionnaires, qui dénoncent l'érosion de leur pouvoir d'achat depuis dix ans, et le gouvernement, qui affirme rechercher à contenir la hausse du salaire moyen.