Milly-la-Forêt, la récidive en procès

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avec AFP , modifié à
Le tueur présumé de Marie-Christine Hodeau est jugé à partir de mercredi.

Le 28 septembre 2009, une joggeuse d'une quarantaine d'années est portée disparue alors qu'elle était partie faire son jogging. Elle sera retrouvée morte deux jours plus tard. Ce fait divers avait relancé le débat sur la récidive. Manuel Ribeiro Alves da Cruz est jugé à partir de mercredi et jusqu'au 8 novembre par la cour d'assises d'Evry, dans l'Essonne. Le violeur et assassin présumé de Marie-Christine Hodeau encourt la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans.

Vers 9 heures le 28 septembre 2009, pendant son jogging, Marie-Christine Hodeau, 42 ans, assistante maternelle de Milly-la-Forêt, est kidnappée sur le trajet qu'elle emprunte trois fois par semaine. Jetée dans le coffre de la voiture de son ravisseur, elle parvient à appeler les gendarmes avec son téléphone portable, avant qu'il ne s'en aperçoive et ne s'en débarrasse. Manuel Da Cruz continue ensuite sa route jusqu'à un bois de la commune de Rumont, en Seine-et-Marne.

Enlevée une seconde fois

Là, il est accusé d'avoir violé sa victime, puis de l'avoir ligotée à un arbre avant de retourner chez lui à Echilleuses dans le Loiret pour changer de voiture. Entretemps, la victime est parvenue à se défaire de ses liens. Marie-Christine Hodeau croise de nouveau le chemin de Manuel Da Cruz qu'elle ne reconnaît pas tout de suite. Mais l'agresseur l'enlève une seconde fois et la frappe. Il est aussi accusé d'avoir étranglé sa victime, dont le corps sera retrouvé deux jours plus tard à Buthiers, en Seine-et-Marne, sur ses indications.

Débat sur la récidive relancé

Outre l'atrocité des faits, ce fait divers relance alors le débat sur la récidive en France. Manuel Da Cruz avait été condamné en 2002 à 11 ans de réclusion criminelle pour le viol et la séquestration d'une de ses voisines âgée de 13 ans, en 2000. Il était sorti en 2007, bénéficiant d'une libération conditionnelle assortie de strictes mesures de contrôle.

Au lendemain de cette affaire qui choque  l'opinion publique, Nicolas Sarkozy avait annoncé la création d'une nouvelle loi sur la surveillance des condamnés après leur peine. 

Pour la mère de la victime, qui n'assistera pas au procès, et pour les deux frères de la victime, "si la justice avait pris des mesures socio-judiciaires à sa sortie de prison, nous n'en serions peut-être pas là", souligne leur avocat Me Dominique Polion. "Ils attendent que cette carence soit dénoncée, et la peine maximale pour le moins requise, et si possible prononcée".

Plainte contre "les libérations anticipées"

Mardi, l'association de défense des victimes Institut pour la justice (IPJ) a mis en avant le risque de récidive des délinquants sexuels. "Cette affaire montre la tendance française à sous-estimer le risque de récidive chez les grands délinquants sexuels", estime l'Institut pour la justice dans un communiqué.  "Pour éviter à l'avenir des drames de ce type, l'IPJ demande l'application effective des peines prononcées, contre la tendance actuelle à systématiser les libérations anticipées", écrit l'association. "Certes le risque zéro n'existe pas, mais c'est bien un risque maximal que la justice fait courir à la société lorsqu'elle ne prend pas en charge les prédateurs sexuels avec suffisamment de rigueur".