Mieux prévenir le suicide des jeunes

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avec Raphaële Schapira et Nathalie Chevance , modifié à
LA POLÉMIQUE DU JOUR - Les journées nationales de prévention du suicide s'ouvrent mardi.

En France, toutes les 10 minutes, un jeune de moins de 25 ans tente de mettre fin à ses jours. Un chiffre effrayant sur lequel insisteront les 16èmes Journées nationales de prévention du suicide, avec pour objectif de mieux prévenir le suicide des jeunes.

Les spécialistes ont noté une évolution inquiétante du phénomène : les adolescents passent à l'acte de plus en plus jeunes. Dans le service de psychiatrie du Dr Xavier Pommereau, au CHU de Bordeaux, les patients ont autour de 14 ans. Il y a vingt, ils avaient en moyenne 16 ou 17 ans.

Des ados livrés à eux-mêmes

Pour ce spécialiste du mal-être des jeunes, l'explication est simple : la puberté arrive de plus en plus tôt, et avec elle l'adolescence et ses complexes. Le Dr Pommereau avance aussi une autre raison. Selon lui,  la société de consommation qui a modifié nos rapports aux enfants. Les parents font beaucoup plus attention à eux, mais paradoxalement leur accordent beaucoup moins de temps.

"Beaucoup d'adolescents, beaucoup plus qu'on ne le croit, déplorent de ne pas avoir de moments d'échanges sur tout, le sens de la vie, la mort, la crise...", assure à Europe1 le Dr Pommereau. "Les traiter comme de simples consommateurs à qui on laisse un billet de 20 euros sur la commode de l'entrée en guise de réponse, ça ne va pas", met-il en garde.

La recherche d’identité au cœur du problème

Harcèlement à l'école ou une agression n'expliquent pas toujours les tentatives de suicide. Les jeunes suicidaires sont souvent des ados aux prises avec leur identité : des enfants qui ont grandi dans le non dit, autour de secret de familles lourd, des enfants adoptés qui ne peuvent connaître leurs origines ou encore des enfants victimes de violences à qui on ne reconnait pas à un statut de victime...

Le pédopsychiatre Marcel Rufo assure pourtant que des solutions sont possibles pour prévenir les suicides. Pour lui, l'essentiel est de pouvoir parler rapidement avec un psychiatre. Les psy doivent être plus disponibles dans l'urgence et les rencontrer ne doit pas ressembler à un parcours du combattant, demande-t-il. "Un médecin généraliste doit demander à l'équipe de psychiatrie de venir à son cabinet dans les 24 ou 48 heures et pas abandonner l'adolescent et sa famille" en l'envoyant dans une consultation spécialisée, propose Marcel Rufo interrogé par Europe 1.

"Il faut que la souplesse soit du côté des psy" :

Des psychiatres disponibles à toute heure

Marcel Rufo est d'ailleurs en train de mettre sur pied une maison de l'adolescence virtuelle. Elle proposera des consultations sur Internet à toute heure, pour prendre en charge l'urgence.