Merah, jeune homme solitaire et dépressif

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et Fabienne Le Moal , modifié à
Europe 1 a pu consulter l'expertise psychologique du suspect, faite en 2009, lorsqu'il était en prison.

Qui était Mohamed Merah ? Au lendemain de sa mort, beaucoup s'interrogent sur la personnalité de celui qui a revendiqué les sept assassinats de Toulouse et Montauban. Des éléments de réponses ont été apportés jeudi soir par l'expert judiciaire Alain Pénin. Ce dernier a suivi Mohamed Merah à l'époque où il effectuait un séjour de 18 mois en prison pour un vol avec violence commis en 2009.

Goût de la solitude, enfance marquée par l'absence du père, intérêt pour la religion : Europe1.fr résume les éléments constitutifs de la personnalité du jeune homme de 23 ans.

Une enfance difficile

Mohamed Merah avait confié au psychologue avoir été particulièrement marqué par le divorce de ses parents alors qu'il n'avait que cinq ans. Son père parti en Algérie, sa mère se retrouve seule à gérer ses trois garçons et ses deux filles. Durant leur jeunesse, les enfants sont régulièrement placés en foyer. Leur parcours scolaire est à l'image de leur histoire familiale : chaotique. Le jeune Mohamed change en effet d'école presque chaque année.

Celui qui allait devenir le tueur en scooter parlait aussi aux spécialistes de son goût pour la solitude. "J'aime rester dans mon coin", avait-il confié au psychologue Alain Pénin. Le jeune homme avait assuré aux spécialistes qu'il n'était ni agressif, ni impulsif, ni nerveux. Il avait également avoué porter une attention toute particulière à son image et à ses vêtements.

Une tentative de suicide par pendaison

Mais le psychologue note aussi que Mohamed Merah a été hospitalisé quinze jours en psychiatrie pour une tentative de suicide par pendaison et qu'il recevait en prison des médicaments pour calmer son stress. Alain Pénin parle également d'une incontestable fragilisation.

"Au moment où je l'ai examiné, il a amorcé cette période dépressive et notamment cette conversion religieuse. Il commençait à lire le Coran, il mettait en place des éléments de référence qui lui faisaient défaut. Je préconisais donc une prise en charge psychothérapique en plus de sa dépression, mais surtout des mesures d'encadrement relativement strictes", se souvient le spécialiste.

Pourtant, dans le rapport d'expertise psychologique, les convictions religieuses de Mohamed Merah sont résumées en deux lignes : "fait la prière, respecte le ramadan". Rien sur une éventuelle radicalisation.