Melun : le "go slow" des trafiquants

  • Copié
avec AFP , modifié à

Au "go fast", ils préféraient le "go slow" en acheminant la drogue d'Espagne en Seine-et-Marne en toute discrétion: après 18 mois d'enquête, six trafiquants présumés ont été mis en examen jeudi à Melun, a annoncé vendredi le parquet. Les six hommes, âgés de 20 à 30 ans, ont été interpellés lundi et mis en examen pour importation, trafic et détention de produits stupéfiants, et quatre d'entre eux incarcérés, a précisé le procureur de la République de Melun, Bruno Dalles, lors d'une conférence de presse. Quatre personnes du même réseau ont en outre été interpellés près de Malaga, en Andalousie, a précisé M. Dalles. Plus de vingt kilos de résine de cannabis ont été saisis, d'une valeur de 140.000 euros, ainsi que 14.000 euros en liquide.

A Melun, les trafiquants avaient établi "un distributeur automatique", à savoir un point de vente, dans une des cités, attirant des lycéens et parfois des collégiens. "Une quinzaine d'employés travaillaient dans cette PME, avec des guetteurs, des nourrices (ceux qui stockent les produits, ndlr)", a déclaré M. Dalles.
Chaque jour, une centaine de consommateurs s'y rendaient et environ deux kilos de drogue étaient vendus quotidiennement.
Lors de l'enquête, les policiers de la Sûreté départementale ont découvert que les trafiquants n'hésitaient pas à aller eux-mêmes dans le sud de l'Espagne acheter du cannabis produit dans le Rif marocain.
"Ils n'avaient pas d'intermédiaire, ils allaient faire leurs achats auprès des fournisseurs marocains, pour avoir des prix moins élevés et afin de diminuer les risques, car on se balance facilement dans ce milieu", a expliqué le procureur.

Les trafiquants se rendaient discrètement à Malaga, effectuant dans des voitures de location, jugées plus fiables, les 1.900 km à parcourir, en prenant soin de commettre aucune infraction routière.
"On connaissait le go fast, avec deux voitures ouvreuses, un ou deux 4X4 avec de 500 kg à une tonne de drogue, et deux voitures suiveuses, des gens armés, fonçant à près de 200 km/h", a dit M. Dalles.
Les trafiquants de drogue se tournent désormais, selon lui, vers le "go slow", car "cette nouvelle méthodologie permet de remonter des quantités plus petites, d'être efficace et de ne se pas se faire détecter".
"Pour démanteler ce type de réseau, on ne peut pas se contenter d'opérations coups de poing et attendre la grosse saisie", a conclu M. Dalles, soulignant l'importance du "travail d'investigation de la police judiciaire", qualifié de "long et coûteux".