Mediator : ouverture d'une enquête

Le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête pour tenter de faire la lumière sur la responsabilité du Médiator dans des centaines de décès.
Le parquet de Paris a ouvert samedi une enquête pour tenter de faire la lumière sur la responsabilité du Médiator dans des centaines de décès. © MAXPPP
  • Copié
avec agences , modifié à
Une dizaine de plaintes ont été pour le moment déposées. Des centaines d'autres devraient suivre.

C'est une nouvelle étape dans l'affaire du Mediator. Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire sur le médicament accusé d'avoir entraîné de graves problèmes cardiaques et de nombreux décès, a-t-on appris samedi de source judiciaire.

L'enquête, qui a été confiée aux gendarmes de l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp), a été ouverte en décembre, a précisé cette source, confirmant une information parue dans Le Parisien. A l'heure actuelle "une dizaine de plaintes ont été déposées" à Paris, a précisé cette source. Fin novembre, le parquet de Paris avait demandé à l'Oclaesp un premier rapport sur le médicament. L'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) doit également rendre un rapport à la mi-janvier.

Le Mediator, un médicament fabriqué par les laboratoires Servier, destiné aux diabétiques en surpoids et largement détourné comme coupe-faim, a été commercialisé en France de 1976 à novembre 2009, date de son retrait du marché. Il est accusé d'avoir causé de graves problèmes cardiaques et pourrait être responsable de 500 à 2.000 décès, selon les estimations réalisées pour l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).

"Une première victoire"

L'Association des victimes de l'Isoméride et du Mediator (AVIM) a indiqué au cours de la semaine qu'elle déposerait cent plaintes auprès du Pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris pour blessures involontaires et dix pour homicides involontaires. Cinq cents nouvelles plaintes, en cours de finalisation, seront déposés "avant la fin du mois" de janvier, selon l'association qui a salué samedi l'ouverture d'une enquête préliminaire comme "une première victoire pour les victimes".

Théoriquement, c'était le tribunal de Nanterre qui devait être saisi, le siège des laboratoires Servier étant dans les Hauts-de-Seine. Mais le procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye, a choisi de se dessaisir au profit du parquet de Paris, "les procédures étant potentiellement nombreuses".

Servier collaborera "pleinement"

Jacques Servier, le patron du groupe éponyme, a récemment démenti l'ampleur des décès attribués au Mediator. "500 est un très beau chiffre marketing, mais il ne s'agit que de 3 morts", a-t-il déclaré lors de ses voeux au personnel. Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, avait aussitôt réagi, se déclarant "stupéfait" par ces propos". Le laboratoire a toutefois assuré samedi qu'il collaborerait "pleinement" à l'enquête estimant que son ouverture permettra "d'établir la vérité" sur l'affaire.

En décembre, le président Nicolas Sarkozy avait pour sa part demandé "la transparence la plus totale" sur l'affaire de ce médicament qu'ont pris 5 millions de Français durant 30 ans.