Mediator : les médecins mis en cause ?

L'Office chargé de gérer le fonds d'indemnisation des victimesdu Mediator pointe du doigt les praticiens.
L'Office chargé de gérer le fonds d'indemnisation des victimesdu Mediator pointe du doigt les praticiens. © Maxppp
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et M.S. avec AFP , modifié à
L'office chargé de gérer le fonds d'indemnisation des victimes a convoqué les praticiens pour s'expliquer.

L'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam), qui gère le fonds d'indemnisation des victimes du Mediator, va convoquer prochainement les médecins. C'est ce qu'a révélé Le Figaro mardi, précisant qu'ils seront entendus "dans le cadre de référés expertise prévus pour les 8 et 13 septembre prochain".

C'est une première "mise en cause" des praticiens dans cette affaire, explique le journal, qui précise qu"il s'agit en fait d'expertises de droit commun : le juge doit mandater des experts afin de déterminer si les pathologies dont souffrent les plaignants sont liées ou non au Mediator".

L'Oniam refuse de parler de "mise en cause"

Pour autant, l'Oniam a refusé mercredi, via un communiqué, de "mettre en cause la responsabilité des praticiens". Et l'office de rappeler que ces "procédures sont des référés civils à la demande de patients qui visent uniquement à diligenter des expertises permettant d’éclairer les situations".

L'Oniam a précisé que "l’objectif d’une expertise est de permettre un débat contradictoire. Pour les praticiens, c’est notamment l’occasion d’indiquer leur point de vue, y compris sur les conditions dans lesquelles ils ont été informés par le laboratoire sur ce produit".

Le Mediator prescrit à des patients sans diabète

La question de la prescription hors indication, c'est-à-dire à des patients ne souffrant pas de diabète mais voulant maigrir, est au cœur des débats. "Il est évident que dans un grand nombre de cas, le Mediator a été prescrit hors des indications, dans un but anorexigène", fait remarquer au Figaro Me Charles Joseph-Oudin, un avocat de victimes.

Et les syndicats de médecins ont dit d'ailleurs au Figaro être soucieux. Carole Younes a expliqué que "l'inquiétude grandit". Et d'ajouter : "bien sûr que (les médecins, ndlr) sont impliqués, puisque ce sont eux qui ont choisi le traitement. Il est par conséquent difficile de les laisser de côté et ils vont se retrouver dans les procédures".

Pour le docteur Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français, invité sur Europe 1 mercredi, la mise en cause des médecins n'a "pas de sens". "Les médecins ont prescrit un médicament autorisé par les autorités sanitaires du pays, il est incongru qu’ils puissent être inquiétés", a-t-il affirmé. "La nocivité du Mediator est liée à la molécule elle-même, pas à l’indication", a-t-il appuyé. "En aucune façon, les médecins ne sont responsables de cette affaire, les premiers responsables sont les autorités sanitaires", a poursuivi Michel Chassang.