Mediator : des victimes attaquent leur médecin

Les clients d'une avocate attaquent leur médecin, dans le Var, pour refus de communiquer leurs dossiers médicaux.
Les clients d'une avocate attaquent leur médecin, dans le Var, pour refus de communiquer leurs dossiers médicaux. © MAXPPP
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avec Anne Legall et AFP , modifié à
Des patients du Var poursuivent leur médecin qui refuse de communiquer leurs dossiers médicaux.

Et si les médecins étaient eux aussi coupables dans l’affaire du Médiator ? Jeudi, l’avocate de patients qui souffrent de pathologies qui pourraient être liées au Médiator a annoncé que ses clients avaient décidé de poursuivre en justice, dans le Var, leur médecin.

Le Mediator utilisé comme coupe-faim

La plainte est motivée par le refus du praticien de communiquer leurs dossiers médicaux à l'expert désigné par le tribunal de Toulon, pour savoir si les pathologies dont ils souffrent sont vraiment liées à la prise de Mediator, cet antidiabétique largement utilisé comme un coupe-faim, et interdit depuis 2009.

"Mes clients vont réclamer directement auprès des médecins qui entravent l'action de la justice l'indemnisation intégrale de leur préjudice", a ainsi écrit Me Christine Ravaz au président de l'Ordre national des médecins. Car pour prétendre à un dédommagement de la part du laboratoire Servier, fabricant du médicament, il faut bien que les patients prouvent que le Mediator leur a été prescrit. Et certains médecins refusent de jouer le jeu.

"Le patient a le droit d’obtenir la communication intégrale de son dossier. Est-ce que les médecins cherchent à se couvrir de leurs responsabilités ? Le Mediator était uniquement autorisé pour le diabétiques de type 2, mais des médecins l’ont souvent prescrit comme coupe-faim, sans indiquer sur l'ordonnance que la prescription était hors autorisation de mise sur le marché", explique l'avocate au micro d'Europe 1.

"Une violation des obligations déontologiques"

D’après Me Christine Ravaz, "les victimes des laboratoires Servier se heurtent au refus des médecins de communiquer les dossiers médicaux, en violation de leurs obligations déontologiques". Me Ravaz déplore aussi que l'Ordre national des médecins, qu'elle a également saisi, lui ait répondu ne pas "avoir de pouvoir d'injonction à l'égard des médecins".

C’est pourquoi elle a également saisi le ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Selon elle, "il n'a été tenu aucun compte des suggestions du ministère qui est intervenu auprès des syndicats de médecins pour qu'ils persuadent leurs collègues de communiquer les dossiers des malades à l'expert chargé d'effectuer les expertises médicales judiciaires".

Les associations de consommateur se veulent rassurantes

Invité sur Europe 1 vendredi, Nicolas Godefroy, responsable juridique à l'UFC-Que Choisir, en charge notamment du dossier Médiator, a indiqué que son association souhaitait "très clairement engager la responsabilité de Servier", pas forcément celle des médecins généralistes qui ont prescrit le médicament. "Le fait qu'ils aient difficilement accès à leur dossier médical est difficilement compréhensible. L'idée n'est pas d'engager la responsabilité des médecins, mais d'engager la responsabilité de Servier", a-t-il déclaré.

Néanmoins, Nicolas Godefroy "peut difficilement comprendre la position de certains médecins", qui ne fournissent pas à leurs patients leur ancienne prescription de Mediator. "Le Conseil de l'Ordre a dit qu'il fallait garder les ordonnances 20 ans", a-t-il affirmé.