Ses désaccords sont trop importants. Le pneumologue Philippe Hervé a annoncé jeudi sa démission du collège d'experts indépendants sur l'indemnisation des victimes du Mediator, dénonçant notamment la "lourdeur" du système et les méthodes d'évaluation des préjudices. Il a précisé qu'il avait envoyé "par mail avant-hier et par lettre aujourd'hui" sa démission.
"Cette machine est d'une lourdeur effrayante"
Le médecin a regretté que les personnes souffrant de faibles insuffisances aortiques aient été écartées de toute indemnisation, alors que, selon lui, si cette pathologie sans symptôme ne représente qu'une "rayure sur la carrosserie", on "ne sait pas ce qu'elle va devenir dans le futur". Le pneumologue a par ailleurs estimé que les remboursements étaient trop lents. "Cette machine est d'une lourdeur effrayante", a-t-il dit, faisant valoir qu'en un an, sur plus de 7.000 dossiers déposés, moins de 50 patients avaient reçu un avis favorable ouvrant la voie à une indemnisation.
Le collège explique le faible nombre d'avis positifs émis depuis novembre 2011 par le recueil nécessaire des justificatifs, mais aussi par "la nécessité de respecter la procédure contradictoire qui prévoit pour chaque avis d'indemnisation au minimum trois passages devant le collège". Fabriqué par les laboratoires Servier, le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. Destiné aux diabétiques en surpoids, mais largement prescrit comme coupe-faim, il a causé 500 à 2.000 décès, selon plusieurs études.