Marseille : une manif contre la violence

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C.B avec Nathalie Chevance et AFP

Des centaines de personnes des quartiers populaire de la cité phocéenne ont manifesté samedi.

"C'est une première depuis trente ans". Plusieurs centaines de personnes ont manifesté samedi après-midi à Marseille contre la violence la violence qui mine leurs cités. A l'appel d'un collectif d'habitants des quartiers Nord, constitué en février après les assassinats de plusieurs jeunes sur fond de trafic de drogue, des habitants des quartiers populaires de Marseille, sont descendus pour réclamer la sécurité et "un avenir" pour leurs enfants.

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"Contre toutes les violences". Ils étaient entre 700 et 1.500 selon la police ou les organisateurs : de nombreuses mères de famille, des militants associatifs, des travailleurs sociaux, ou des élus qui ont répondu à l'appel. Pour l'un des animateurs de ce collectif, Patrick Cassina, directeur d'un centre social dans le 13e arrondissement, ce rassemblement "est une première depuis trente ans" et la marche des Beurs, la fameuse manifestation antiraciste de 1983.

Vers 15 heures, les manifestants qui s'étaient rassemblés au pied des marches de la gare Saint-Charles, ont défilé en cortège derrière deux larges banderoles. "Contre toutes les violences" et "quartiers populaires, nous sommes des Marseillais, égalité de droits et de traitement pour tous et partout", pouvait-on lire sur les pancartes. Émergeant du cortège bruyant et joyeux, des pancartes au nom des différentes cités et villages du nord de la ville : La Busserine, les Bleuets, la Gavotte, la Castellane, les Flamands, Saint-Barthélémy ou Malpassé.

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"Fatigués d'envoyer nos enfants jusqu'à la tombe". "Je suis une mère, une soeur, une amie, une voisine, une cousine", a témoigné une jeune habitante de la cité des Bleuets dans le 13e arrondissement. Elle est venue pour exprimer "le ras-le-bol des habitants des quartiers nord d'être laissés pour compte" et réclamer "une égalité de traitement pour le logement et l'éducation".

L'égalité était ainsi une thématique récurrente sur les banderoles, où l'on pouvait lire "égalité pour tous", "un avenir pour tous nos enfants" ou "sécurité dans nos collèges". La question de l'insécurité des quartiers Nord était également au centre de la mobilisation. "Nous sommes fatigués d'envoyer nos enfants jusqu'à la tombe", indiquaient certaines affiches. "On n'est pas complice, on veut protéger nos enfants. On ne sait pas si demain on va à un mariage ou un enterrement", a déploré une habitante au micro d'Europe 1.

23 propositions remises à la préfecture. La manifestation a rejoint en milieu d'après-midi la préfecture des Bouches-du-Rhône et une délégation du collectif a été reçue par le préfet de Police, Jean-Paul Bonnetain et la préfète à l'égalité des chances Marie Lajus. 23 propositions des habitants ont été remises aux élus. En tête de ces propositions, "la mise en place d'une instance permanente de concertation et de dialogue avec les représentants des autorités publiques". Le 15 juin, une assemblée populaire se réunira pour définir "la suite à donner" au mouvement.

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Le mouvement se répand. Ce mouvement populaire est né en février, après un énième règlement de comptes dans les quartiers nord, en réaction "aux meurtres d'enfants", disent ses animateurs. Patrick Cassina explique qu'en début d'année, après l'un de ces règlements de comptes, "les parents ont commencé à exprimer une grande angoisse, les enfants étaient retirés des activités... par crainte. on (les travailleurs sociaux et les associations, ndlr) a rapidement décidé d'organiser un espace de parole".

Le mouvement a fait alors tâche d'huile et plusieurs quartiers ont fait des réunions de parents, sur le même mode.  Depuis deux mois, le collectif du 1er juin, organise des réunions hebdomadaires avec les habitants des quartiers et souhaite devenir "une force de propositions".