Marseille : le drôle d'anniversaire du préfet

Le 29 août 2011, Alain Gardère avait été nommé préfet de police de Marseille par Claude Guéant, "pour qu'une situation maîtrisée de la sécurité règne dans cette ville, enfin".
Le 29 août 2011, Alain Gardère avait été nommé préfet de police de Marseille par Claude Guéant, "pour qu'une situation maîtrisée de la sécurité règne dans cette ville, enfin". © Reuters
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Frédéric Frangeul , modifié à
Il y a tout juste un an débarquait un nouveau "Monsieur sécurité" pour redresser la situation.

C'est un hasard du calendrier qui tombe mal. Le règlement de comptes de mercredi soir qui a déclenché la polémique sur la question du recours à l'armée pour assurer la sécurité à Marseille survient au moment même où Alain Gardère termine sa première année au poste de préfet délégué pour la sécurité et la défense de la région Paca. Le 29 août 2011, ce dernier avait en effet été nommé par Claude Guéant, "pour qu'une situation maîtrisée de la sécurité règne dans cette ville, enfin", avait précisé le ministre de l'Intérieur d'alors.

Une arrivée très médiatisée

Ancien directeur adjoint du cabinet de Claude Guéant, Alain Gardère avait été diligenté à Marseille pour "innover sur le plan stratégique et méthodologique à Marseille". Il était alors devenu le troisième préfet de police des Bouches-du-Rhône en deux ans.

Cette arrivée avait été d’autant plus médiatisée que Martine Aubry, alors en pleine campagne pour les primaires socialistes, était venue à Marseille défier Claude Guéant sur le terrain de la sécurité, venant par surprise dans la cité phocéenne alors que le ministre de l’Intérieur présentait le nouveau dispositif mis en place autour d’Alain Gardère. "On ne règle pas les problèmes de sécurité en faisant valser les préfets", avait alors argué la patronne du PS.

"On sent bien que la situation est maîtrisée"

Deux mois après sa prise de fonction, Alain Gardère avait profité d’un reportage télévisé pour mettre en avant, les premiers résultats, positifs selon lui, de son action. "On sent bien que la situation est maîtrisée", s’était-il félicité au micro de BFM TV lors d’une sortie dans les transports en commun marseillais.

Il avait également esquissé les contours de sa mission. "Si je réussis, les Marseillais auront droit à ce à quoi ils ont droit, la sécurité, qui est la première des libertés, je vous la rappelle", avait-il observé. "Et puis, si, je ne réussis pas, je m’expliquerai avec ceux qui m’ont nommé", avait-il conclu.

Les règlements de comptes se poursuivent

Durant la campagne présidentielle, Claude Guéant avait effectué un dernier déplacement à Marseille pour défendre son bilan en matière de sécurité. "La présence policière est beaucoup plus visible et beaucoup plus efficace, s'était réjoui le ministre de l’Intérieur. Un discours qui avait eu du mal à être entendu alors que la cité phocéenne venait d’essuyer en l’espace d’une semaine cinq homicides par arme à feu.

En avril dernier, Alain Gardère avait énoncé une proposition décoiffante en suggérant de faire sauter à la dynamite un bloc du quartier sensible du Clos la Rose, théâtre de règlements de comptes quotidiens et de trafics de drogue, malgré les multiples opérations de police.

Ayrault prévoit un "programme d’action"

Désormais, alors que le nouveau règlement de comptes survenu mercredi soir à Marseille chiffre à 14 le nombre de morts par homicide dans la cité phocéenne depuis le début de l’année, la question est de savoir si Alain Gardère conservera la confiance du gouvernement Ayrault. Le Premier ministre a d’ores et déjà annoncé qu’il présidera le 6 septembre à Matignon un comité interministériel consacré à l'élaboration d'un "programme d'action pour l'agglomération marseillaise".