Mariage forcé : six mois avec sursis requis

  • Copié
avec AFP , modifié à
Poursuivis pour avoir enlevé et frappé leur soeur âgée de 18 ans, les trois frères ont expliqué avoir voulu se comporter "en bon fils" vis-à-vis de leurs parents.

Etre un "bon frère" ou un "bon fils"? Poursuivis pour avoir enlevé et frappé leur soeur âgée de 18 ans, trois frères habitant Vaulx-en-Velin, près de Lyon, ont été présenté à la justice, mardi. Ils sont suspectés d'avoir voulu marier leur soeur de force en Tunisie, d'où la famille est originaire. Résultat : une peine de six mois de prison avec sursis a été requise à leur encontre.La procureur a demandé au tribunal correctionnel de Lyon cette peine "significative, dissuasive et protectrice", assortie d'une mise à l'épreuve durant deux ans avec interdiction d'entrer en contact avec Mouna et sa soeur de 21 ans Safa, qui a subi un mariage forcé en 2010. Le jugement devrait être rendu dans la soirée.

A la barre, les trois frères ont expliqué avoir voulu ramener à ses parents Mouna, qui ne donnait plus de nouvelles. Leur choix était soit d'"être un bon frère en respectant son désir d'indépendance, soit d'être un bon fils en faisant plaisir aux parents", qui leur faisaient subir "une pression morale permanente", a fait valoir une de leurs avocates, Me Ingrid Poulet. Le 16 septembre dernier au petit matin, dans le quartier Grange Blanche à Lyon, Mouna qui se rendait à son travail avait été contrainte par ses trois frères de 19, 25 et 26 ans de monter dans la voiture paternelle qu'ils conduisaient. La jeune femme s'était débattue et plusieurs témoins de cette scène de violence avaient alerté les secours.
Grâce à la plaque d'immatriculation, la police la retrouvait une heure et quarante minutes après au domicile familial de Vaulx-en-Velin, qu'elle avait quitté trois mois auparavant pour habiter chez Safa à Villeurbanne et échapper à un mariage forcé en Tunisie.

Safa avait elle-même été obligée de se marier à un "membre de la famille" un an auparavant en Tunisie, d'après Me Chrystelle Panzani, qui défend les deux soeurs. L'aînée vit séparée de son époux et a l'intention de faire annuler son mariage. Les deux victimes ne sont pas venues témoigner devant le tribunal. Leur avocate a demandé 2.000 euros de dommages et intérêts pour Mouna et 500 euros pour Safa, qui accuse un de ses frères de lui avoir dérobé son passeport.
La famille, arrivée en France en 1994, compte dix enfants dont quatre filles. Aucun des trois garçons prévenus n'a d'antécédent judiciaire.